Le 40e anniversaire de l'occupation du Sahara occidental par le Maroc, qui n'a pas réussi à obtenir la moindre reconnaissance internationale de sa souveraineté sur ce territoire, pousse le Secrétaire général de l'ONU à appeler les deux parties à entamer de "vraies négociations" permettant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. Bloquée jusque-là par les soutiens occidentaux aux positions marocaines dans son entreprise d'appliquer le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui dans ce territoire classé autonome par ses instances, l'ONU tente une énième fois de résoudre ce conflit, qui en est à sa quarantième année maintenant. Relevant que "la situation dans le nord-ouest de l'Afrique devient de plus en plus alarmante" en raison de la souffrance humaine occasionnée par le conflit du Sahara occidental, Ban Ki-moon a appelé à de véritables négociations entre le Front Polisario et le Maroc qui doivent être lancées dans les prochains mois pour aboutir à l'autodétermination du peuple sahraoui. "J'appelle instamment toutes les parties dans la région et au sein de la communauté internationale la plus large de tirer profit des efforts intensifs (menés) par mon envoyé personnel (Christopher Ross) pour faciliter le lancement de vraies négociations dans les prochains mois", a affirmé le Secrétaire général des Nations unies. Il a également rappelé : "Sous ma direction, mon envoyé spécial M. Christopher Ross a intensifié ses efforts pour faciliter l'entrée (des deux) parties (Front Polisario-Maroc) dans des négociations sans conditions préalables et de bonne foi afin de parvenir à une solution politique mutuellement acceptable, permettant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental." Ban Ki-moon n'a pas caché sa déception de l'échec des négociations de 2007 sur le statut définitif du Sahara occidental, tout en soulignant : "Je constate avec regret que les propositions de 2007 n'ont pas ouvert la voie à de véritables négociations auxquelles le Conseil (de sécurité) et moi-même nous avons appelé à plusieurs reprises." Il estime donc le moment venu pour mettre fin à ce conflit afin de permettre aux populations de la région de répondre à leurs défis communs et de réaliser leur plein potentiel. Cet appel du Secrétaire général de l'ONU a été salué le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, qui a indiqué dans une déclaration qu'il "conforte les postulats historiques et juridiques qui sous-tendent la cause sahraouie, en ce que le Sahara occidental n'est pas un territoire marocain et que son statut final est étroitement lié à la décolonisation à travers l'exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance". Qualifiant cet appel de "carton rouge" adressé au Maroc, le président sahraoui a indiqué que cet appel "est un message on ne peut plus clair au royaume du Maroc qui ne cesse d'entraver les efforts du Secrétaire général et de son envoyé personnel, Christopher Ross, en usant de tergiversations et d'atermoiements". Il a ajouté que "cet appel dément catégoriquement toutes les allégations tendancieuses colportées par le Maroc et tue dans l'œuf le projet d'autonomie qui va à l'encontre de la légalité internationale". Mohamed Abdelaziz a estimé que la visite du souverain marocain dans les territoires sahraouis occupés n'est qu'une "fuite en avant face aux échecs, au rejet par la communauté internationale de cautionner l'occupation, et devant la résistance sans précédent du peuple sahraoui et son refus d'abandonner 40 ans durant", soulignant qu'"il s'agit là d'une simple démarche provocatrice". M.T.