La lettre d'engagement du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon a été favorablement accueillie aussi bien par le peuple sahraoui que par son président Mohamed Abdelaziz, estimant qu'il s'agit "d'un pas dans la bonne direction" et d'"un carton rouge" adressé au Maroc. Dans un message clair et franc, Ban Ki-Moon a appelé le Front Polisario et le Maroc à lancer dans les prochains mois, "de véritables négociations sans conditions préalables et de bonne foi" pour aboutir à l'autodétermination du peuple sahraoui conformément à la légalité internationale. Evoquant la souffrance humaine occasionnée par le conflit du Sahara Occidental, le secrétaire général de l'ONU a relevé que "la situation dans le nord-ouest de l'Afrique devient de plus en plus alarmante". Selon lui, il faut mettre fin à ce conflit afin de permettre aux populations de la région de relever leurs défis communs et de réaliser leur plein potentiel. "J'appelle instamment toutes les parties de la région et au sein de la communauté internationale la plus large de tirer profit des efforts intenses (menés) par mon envoyé personnel (Christopher Ross) pour faciliter le lancement de vraies négociations dans les prochains mois", a déclaré M. Ban. Tout en soulignant que le statut final du Sahara Occidental a fait l'objet d'un processus de négociations menées sous son égide et en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité, le chef de l'ONU a regretté à ce titre l'échec des négociations de 2007. "Je constate avec regret que les propositions (à) de 2007 n'ont pas ouvert la voie à de véritables négociations auxquelles le Conseil (de sécurité) et moi-même nous avons appelé à plusieurs reprises", a-t-il dit. Christopher Ross, envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara occidental depuis 2009, déploie des efforts colossaux pour parvenir à une solution au conflit. A cet effet, il a effectué récemment une tournée dans la région dans le cadre de la préparation d'un nouveau round des négociations entre les parties au conflit avant de présenter son rapport devant le Conseil de sécurité en avril 2016. Toutefois, la partie marocaine continue d'entraver les efforts de l'envoyé personnel du SG de l'ONU. En 2012, Rabat avait intenté des accusations infondées contre M. Ross pour avoir évoqué "des dépassements des autorités marocaines contre la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso)". Cependant, M. Ross et après sa reconduction par le SG de l'ONU à la tête de cette mission, poursuit ses efforts en vue de fixer la date du référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui conformément aux résolutions internationales en vertu desquelles la Minurso a été créée. La déclaration de Ban Ki-moon "enterre" le projet d'autonomie Le Président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario Mohamed Abdelaziz a qualifié la lettre de Ban Ki-moon de "carton rouge" adressé au Maroc dont le Roi s'apprête à se rendre aux territoires occupés du Sahara Occidental d'autant que la déclaration coïncide avec le 40eme anniversaire de l'invasion du Sahara occidental par le Maroc. La déclaration de Ban Ki-moon, ajoute le président sahraoui, dément formellement" toutes les allégations tendancieuses colportées par le Maroc et tue dans l'œuf le projet d'autonomie qui va à l'encontre de la légalité internationale", a-t-il ajouté. Le message est clair pour le Maroc qui s'obstine à entraver les efforts du secrétaire général et son envoyé personnel Christopher Ross". La déclaration de Ban Ki-moon constitue "un précédent" dans le dossier sahraoui, car mettant en avant les postulats historiques et juridiques qui sous-tendent la cause sahraouie, en ce que le Sahara occidental n'est pas un territoire marocain et que son statut final est étroitement lié à la décolonisation à travers l'exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance". La partie sahraouie réitère sa disposition à de véritables négociations La partie sahraouie, représentée par le Front Polisario, a réitéré sa disposition à répondre à l'appel de l'ONU en engageant des "négociations sans conditions préalables et de bonne foi" estimant que la déclaration du SG de l'ONU est " un pas dans la bonne direction". Le Front Polisario a appelé, par la voix de Mohamed Abdelaziz, le Conseil de Sécurité international à tenir compte des conclusions du secrétaire général de l'ONU et hâter la prise des mesures susceptibles d'aboutir à une solution juste, conformément à la charte et aux décisions de l'Onu, notamment la résolution 1514 de l'Assemblée générale des Nations Unies, proclamant le droit à l'indépendance pour les peuples et les pays coloniaux". Le Front Polisario a en outre appelé le conseil de sécurité onusien à assumer ses missions de manière à "mettre la région à l'abri des dangers qui menacent la paix et la stabilité" en mettant fin à l'obstination de la partie marocaine et son refus de soutenir les efforts de l'ONU et de se conformer aux résolutions de l'UA". Le président sahraoui a exhorté le Conseil de sécurité "à assumer ses responsabilités pour mettre fin aux tergiversations marocaines et son refus de se conformer aux résolutions de l'ONU et aux décisions de l'Union africaine (UA)". Le représentant du Front Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari a affirmé que l'obstination du Maroc à entraver le processus de règlement pacifique du conflit sahraoui et ses violations répétées des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés "est une humiliation" de l'ONU et sa mission au Sahara occidental "Minurso".