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15e partie
Comme un grain de sable
Publié dans Liberté le 07 - 11 - 2015

Résumé : Salima reproche à sa sœur son enfermement. Elle n'appréciait plus la vie comme autrefois... Ses sorties à la plage semblent lui avoir fait du bien, il n'y avait qu'à regarder sa mine... Nawel repense à Nabil. L'homme donnait l'impression d'être quelqu'un de bien. Elle se promet de discuter plus amplement avec lui la prochaine fois qu'elle se rendrait à la plage. Elle était un peu distraite, et sa sœur le remarque. Où était-elle ?
Salima l'avait tirée de ses méditations.
-Heu... Je... Je suis là... Je repensais à ma sortie à la plage.
-Oui... Qu'avait-elle de spécial ? Tu n'as pas apprécié ?
-Si... Sauf que l'orage m'a tirée d'un profond sommeil...
-Ah ! enfin tu m'apprends que tu as pu au moins dormir un moment, toi qui souffres d'insomnie depuis de longues années.
-J'ai dormi comme une marmotte... L'air marin peut-être...
-Il n'y avait personne d'autre sur la plage ?
-Heu... Si... Si... Il y avait des pêcheurs... Puis un couple et leurs deux enfants sont venus s'installer non loin de moi.
-Tu as entamé la conversation avec eux ?
-Non... Ils étaient occupés. Et puis, ils n'avaient pas l'air d'être des gens abordables...
Salima soupire :
-Personne ne semble abordable selon toi...
Nawel ne répondit pas. Elle ne voulait pas parler à sa sœur de "l'inconnu de la plage" comme elle s'amusa à le qualifier. Salima verra tout de suite le début d'une idylle. Mais elle, elle ne voulait pas se bercer d'illusions... Cet homme n'est rien d'autre que le fruit d'un hasard... Elle ne voulait rien imaginer d'autre... D'ailleurs, en ce moment il devrait être auprès de sa famille en train de dîner ou de regarder la télévision avec ses enfants.
-Veux-tu un dessert ?
Elle revint sur terre. Encore une fois, elle s'était laissée emporter par son imagination.
-Oui... Avec plaisir... Il y a des fruits ?
-Des bananes, du raisin, et j'ai préparé une mousse au chocolat.
-Hum... Toujours aussi prévoyante. Je prendrais bien un peu de raisin et une mousse au chocolat.
Elles terminèrent de dîner, et Nawel rejoint sa chambre tandis que Salima s'occupait de la vaisselle. La nuit était sans étoiles. La jeune femme jette un coup d'œil par le balcon de sa chambre pour constater que le quartier était plongé dans le noir. Des badauds traînaient encore au bas de l'immeuble. Elle les entendit plaisanter et ricaner. Aux fenêtres du bâtiment qui lui faisait face, elle remarque la lumière dans les cuisines et les chambres. Les gens dînaient ou veillaient... Une petite soirée familiale avant de se mettre au lit. Elle n'avait aucune envie de veiller ce soir. Salima va rejoindre sa chambre pour regarder un film avant de se coucher. Et elle ? Que va-t-elle donc faire ce soir ? Elle n'avait nulle envie d'écrire ni de faire quoi que ce soit... Elle ressentait encore quelques "angoisses" nocturnes, qui l'empêchaient parfois même de respirer normalement. Dans des moments pareils, elle se sentait vulnérable et perdue... Elle rêvait alors d'avoir quelqu'un à ses côtés pour la consoler et la rassurer... Un homme, lui avait conseillé son médecin.... "Nous sommes des humains, lui avait-il dit... Chaque humain doit former une paire avec le sexe opposé... C'est la loi de la nature... Personne ne pourra y faire exception ou échapper à ce procédé naturel et inné qui gère chaque créature sur cette terre... Sans cela, le monde entier serait déséquilibré..." Nawel avait écouté les conseils de son psy, mais à ce jour, elle n'a pu les mettre en pratique. Les blessures de son cœur ne s'étaient pas encore cicatrisées... On lui avait dit que le temps allait tout effacer... Quand ? Cela faisait bien des années depuis qu'elle voulait se débarrasser de ce passé qui lui collait à la peau. Elle se sentit soudain seule et désemparée. Elle aurait voulu rencontrer encore l'inconnu de la plage pour discuter... Se confier... Elle se surprend encore à penser à lui et se dit qu'elle aurait pu lui demander ses coordonnées. Le numéro de son portable... Il lui avait dit qu'il venait à la plage tous les week-ends... Le week-end prochain est dans une semaine. C'est un peu long tout de même... Il devait travailler... C'est sûr... Tout comme elle, il avait un boulot et des obligations professionnelles... Il devait aussi être beaucoup moins libre dans ses mouvements qu'elle ne l'était... Elle pouvait travailler à la maison et envoyer ses écrits par internet à son journal. Mais pour lui, ce n'était sûrement pas le cas... Il bossait peut-être dans une administration ou enseignait. Elle soupire. Les gens ont des boulots qui occupent leur temps, et les distraient. Pour elle, le travail est devenu routinier depuis qu'elle se cloître à la maison... Tiens... Pourquoi ne se rendrait-elle pas à la rédaction demain ? Cela fait longtemps qu'elle n'avait pas revu ses collègues... Ils seront heureux de la revoir et de faire un brin de causette avec elle, comme au bon vieux temps... Cela la changerait aussi de sa monotonie quotidienne... C'est décidé... Elle ira au journal et passera une bonne journée dans les locaux de la rédaction.
(À suivre)
Y. H.


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