À l'applaudimètre, il était bien le grand vainqueur de la rencontre entre le MCO et le DRBT, vendredi après-midi. Sa force de caractère et sa volonté de fer de ne pas se laisser marcher sur les pieds lui ont valu, à son apparition sur le terrain, un tonnerre d'applaudissements du pourtant réputé difficile à convaincre public mouloudéen. Excellent communicateur et manieur des foules comme il n'en a, probablement, jamais existé au MCO, Jean-Michel Cavalli savait, à l'issue de la rencontre face à Tadjenant, qu'il avait gagné beaucoup plus qu'un simple match de championnat. Car même s'il a refusé de cautionner l'expression selon laquelle il avait "gagné la bataille du terrain face à la direction du MCO", le technicien français mesurait parfaitement la symbolique de son succès face au 2e du classement général et l'impact qu'il a eu sur la foule mouloudéenne qui, devant toute l'Algérie du football via les caméras de la Télévision nationale, lui exprimait son total soutien. Dans l'ombre de l'imposant mur du stade Zabana, celui séparant les vestiaires de l'extérieur, Abdelkader Benzerbadj (chargé du sponsoring) et Krimo Hassani (conseiller du président), deux des dirigeants qui avaient "signé" pour le limogeage de Cavalli, faisaient profil bas. Le fils de Miloud Chorfi, lui aussi signataire de la fameuse lettre de licenciement, n'y était même pas, tout comme Belhadj Mohamed dit Baba qui, autre bizarrerie typiquement mouloudéenne, ne regarde jamais les matches de l'équipe qu'il dirige. Le frère du président, Tedj, lui aussi connu pour son hostilité à l'ancien sélectionneur national, donnait, de son côté, l'impression de tituber dans les couloirs. "Maintenant, il est urgent de se retrouver autour d'une table avec le président Belhadj auquel je voue un très grand respect. Il est impératif de se mettre d'accord sur une feuille de route claire. Soit je reste et je continue mon boulot, mais alors il faudrait revoir certaines choses dans le fonctionnement interne du club. Soit il me règle ce qui reste de mon contrat et je m'en vais. Je réserve, toutefois, la primeur du contenu de mes doléances au président qui, j'en suis désormais sûr, n'a jamais voulu mettre fin à mes fonctions", a, surtout, affirmé Cavalli au cours de son traditionnel passage devant les médias, avant, dit-on, d'envoyer balader le premier dirigeant nommé (Benzerbadj), refusant de serrer sa main tendue et l'exhortant "d'aller voir ailleurs s'il y était". En véritable patron, l'entraîneur des Rouge et Blanc en impose dorénavant plus qu'avant à sa direction, l'obligeant, du reste, à se plier aux "exigences populaires". Mais aussi et surtout, à travers son défi remporté haut la main, Cavalli oblige désormais son président à apprendre à respecter un contrat, à savoir faire face aux difficultés, à ne pas se dérober en pleine crise, à ne pas déléguer des sous-traitants aussi versatiles qu'incompétents et à se comporter en dirigeant prévoyant. En un mot comme en cent, à être professionnel. Tout simplement.