Le ministère de l'Education nationale, à travers l'Office national des examens et des concours, a décidé l'annulation de l'examen de l'éducation physique et sportive dans les examens du bac et du BEM, session 2016, pour les élèves scolarisés. "Cette mesure a été prise afin de permettre aux élèves qui travaillent dur durant l'année scolaire et qui ne s'absentent pas à cette matière d'avoir une bonne moyenne aux examens du baccalauréat et au BEM", a-t-on indiqué du côté de l'Office national des examens et concours. La même source a fait savoir que la fiche de synthèse permettant l'évaluation continue des élèves ne sera appliquée cette année que pour la matière de l'éducation physique et sportive. Quelques années seulement après l'avoir instituée, l'épreuve de sport au bac est ainsi abandonnée. Elle l'est également pour les candidats au BEM, et est, par contre, maintenue pour les candidats libres qui devront la passer entre les 13 et 17 mars prochain. Cette annulation de l'examen du bac sportif na pas été du goût des élèves qui ont protesté la semaine dernière à l'instar de ceux de Tizi Ouzou. L'argumentaire avancé, qui est "cet examen sera remplacé par les notes de l'évaluation continue des élèves durant les trois trimestres, c'est-à-dire la fiche de synthèse", ne tient pas debout chez les professionnels de ce secteur qui mettent en avant le manque ahurissant d'infrastructures dans le milieu scolaire pour atteindre cet objectif. "Supprimer l'examen pour le remplacer par les trois notes trimestrielles ne change absolument pas la donne. Car le problème reste entièrement posé avec le manque de terrain et de salles de sport dans les établissements scolaires ; les notes et les résultats seront les mêmes." Un enseignant d'EPS de Béjaïa est allé loin dans son analyse : "Cela rentre dans le cadre de l'austérité qui a gagné le milieu scolaire. Annuler cet examen entre dans ce cadre car le problème des notes et des infrastructures resteront les mêmes." Cela dit, l'éducation physique en milieu scolaire doit être une obligation, avec des évaluations strictes, des cadres suffisamment formés, des structures adaptées et disponibles. Les milliards qui gangrènent le sport dit de performance et qui ne réalise aucune performance seront plus qu'utiles au sport scolaire qui reste l'unique garant de la bonne santé de toutes les générations. En effet, plus de 50% des établissements scolaires ne disposent pas de structures adaptées à la pratique sportive, même si la note d'éducation physique est considérée comme "une aide indirecte" aux candidats au bac. À vrai dire, la pratique sportive en milieu scolaire est, certes, obligatoire, mais le manque de moyens et le désintéressement affiché par les responsables, à tous les niveaux, fait que beaucoup préfèrent recourir à une décision médicale. La majorité utilise des cours d'école bitumées (pas toutes) pour les deux heures par semaine d'éducation physique. Pour de nombreux acteurs exerçant dans ce domaine, la pratique et la politique sportive dans le milieu solaire reste entièrement à redéfinir. Quand on sait que le terrain dur avantage considérablement les accidents et prédispose aux malformations osseuses et musculaires, on comprend pourquoi les parents préfèrent la dispense. Comme si ce manque de structures adaptées ne suffisait pas, les quelques salles relevant du secteur de l'éducation ont été cédées aux communes qui y domicilient les clubs de la ville. "Durant leur cursus scolaire, les élèves ne trouvent même pas de terrain ou de salle où s'exercer, comment voulez-vous les noter sur des épreuves qu'ils n'ont même pas travaillées durant les trois années de lycée. Il faut impérativement redéfinir la pratique sportive dans le milieu scolaire", conclu un enseignant d'EPS de la ville des Hammadites. A. H.