Les attentats de Paris semblent avoir produit comme premier effet d'unifier la communauté internationale contre l'ennemi commun qu'est le terrorisme. Désormais, l'on évoque une modification de l'attitude de la France en direction de la Russie, qui ouvre la porte à un possible engagement solidaire contre l'Etat islamique. En effet, dans sa guerre déclarée contre l'organisation terroriste d'Abou Bakr al-Baghdadi, qui a officiellement revendiqué les sanglants attentats de Paris, la France, dont la position était opposée à celle de Moscou en Syrie, pourrait compter sur le concours de la Russie qui vient de confirmer que son avion qui a crashé au dessus du Sinaï égyptien a été explosé par Daech. Le président François Hollande est en tout cas demandeur de cette synergie dans l'effort de guerre contre Daech. Son objectif est d'ailleurs de mettre en place une "grande coalition" contre "le terrorisme de guerre" qui a ensanglanté Paris. Il a promis de "détruire" le groupe Etat islamique et a appelé à une "coalition unique" pour le combattre en Syrie. C'est la position du président Français, qui a réclamé "un rassemblement de tous ceux qui peuvent réellement lutter contre cette armée terroriste". Son annonce de rencontres avec ses homologues américain et russe, Barack Obama et Vladimir Poutine, la semaine prochaine laisse supposer une alliance conjoncturelle avec Moscou. Il s'agit, a souligné François Hollande, d'"unir nos forces" et de parvenir à "une grande et unique coalition" contre le groupe Etat islamique. Cette éventualité semble plus probable suite aux déclarations du chef de l'Etat russe, hier, suite à la confirmation de la thèse de l'attentat à la bombe dans l'affaire du crash de l'Airbus A321 de la compagnie Metrojet. "Nous ne sécherons pas nos larmes. Cela nous marquera à jamais. Mais cela ne nous empêchera pas de trouver et punir les criminels", a réagi Vladimir Poutine à cette information lors d'une réunion hier avec le chef des services de secrets russes Alexandre Bortnikov. "Nous devons le faire sans tarder, trouver leur identité", a souligné le président russe, avant d'ajouter : "Nous les trouverons en n'importe quel point de la planète et nous les punirons." Ces frappes russes contre Daech seront "intensifiées pour que les criminels se rendent compte que le châtiment est inévitable", a martelé le président russe. "Il est indispensable" de former une coalition internationale antiterroriste, avait répété lundi Vladimir Poutine, avant d'ajouter : "Nous avons entendu tout le temps de nos amis français que le règlement de la question sur le départ du président Assad devait être une condition préalable pour des changements politiques (...). Mais est-ce que cela a protégé Paris contre l'attentat terroriste ? Non." Les services secrets russes ont promis une récompense de 50 millions de dollars à toute personne les aidant à "identifier les terroristes", selon un communiqué du FSB (ex-KGB) publié hier. La réponse de l'ancien Premier ministre et ex-chef de la diplomatie française, Alain Juppé, à la question de savoir quelle était la priorité aujourd'hui, ne laisse aucun doute quant à la nouvelle orientation de la France sur le sujet. "Aujourd'hui, quelle est la priorité ? Se débarrasser de Bachar ou écraser Daech ? La réponse est tout à fait claire : écraser Daech", a-t-il tranché. "Donc le président de la République a raison d'essayer de constituer une coalition unique : Américains, Russes, Français, Iraniens. (...) C'est vrai que c'est un changement dans la ligne que nous suivons depuis 2011 pratiquement, mais le monde a changé", a-t-il admis sur la chaîne d'informations BFMTV. De toutes les manières, sur le terrain, tout indique que Français, Américains et Russes concentrent leurs efforts pour anéantir Daech, comme le montrent les bombardements intensifs des positions de l'Etat islamique à Raqa en Syrie. M. T.