Résumé : Ferroudja ne pouvait donner une suite favorable dans l'immédiat à la demande de Lyès. Elle devait réfléchir, car c'est son avenir qui était en jeu. Nassila l'exhorte à mettre sa mère au courant, afin qu'elle soit mieux conseillée et orientée. Ferroudja reprend le chemin du salon de coiffure. Elle rentre et referme rideau et portes derrière elle, avant de se préparer un café bien fort. Elle s'allonge sur le lit et se met à réfléchir à tout ce qu'elle venait de vivre. Du jour au lendemain, sa vie a basculé. L'homme dont elle a toujours rêvé se présente à elle et demande sa main. Et elle est plus malheureuse que jamais ! Si elle ne doutait pas des intentions de Lyès qui, pour le moment, était trop épris d'elle, pour voir les choses comme elles l'étaient réellement, elle craignait qu'un jour il regrette d'avoir pris pour épouse une femme qui a dû mendier et taper à toutes les portes pour pouvoir survivre et subvenir aux besoins de sa famille. Et puis, même si la pauvreté n'était pas une tare, Lyès se heurtera à l'incompréhension des siens qui n'allaient sûrement pas apprécier son choix. Elle pousse un soupir : Lyès. Un rêve qui se concrétise, mais dont elle appréhende les conséquences. Elle ferme les yeux et ne tarde pas à sombrer dans un sommeil peuplé de rêves étranges. Elle se voyait tantôt en robe de mariée, tantôt en loques. Et des larmes inondaient son visage. Si bien qu'au petit matin, son coussin en était tout mouillé. Elle avait pleuré dans son sommeil sans s'en rendre compte. Une semaine passe. Avant de revoir Nassila, elle décide de prendre quelques jours de congé et se rend au bled. Il était impératif qu'elle discute avec sa mère et la mette au courant de la demande en mariage qu'elle venait de recevoir. Nassila avait raison sur ce point. Seule, sa mère pourra calmer les élans de son cœur et lui montrer le chemin à suivre. Il revoit les montagnes et sa famille. Sa sœur cadette venait de décrocher le bac. C'est donc dans la joie que ses parents la reçoivent. Le soir venu, elle passe aux aveux. Laldja, sa mère, l'écoute jusqu'au bout d'une oreille attentive. Ferroudja n'omettra aucun détail sur les circonstances de sa première rencontre avec Lyès et de ses appréhensions lors de leur seconde entrevue. Alors que sa fille parlait, Laldja ne cessait de hocher la tête ou de cligner des yeux. À la fin du récit, elle garde le silence un moment avant de conclure : -Bien ma fille, tu veux un conseil de ta mère ? -Bien sûr maman. Je ne pouvais donner une suite à la demande de Lyès sans te consulter. -Eh bien, accepte Lyès. Ferroudja porte la main à sa bouche : -Aussi simple que ça ? -Oui, aussi simple que ça. Je crois que le destin a déjà tranché pour toi. Tu vois Ferroudja, dans la vie quand le destin se manifeste sous de bons auspices, il ne faut jamais reculer. Il y a des femmes qui possèdent tout ce qu'on peut désirer dans ce monde, mais qui attendent toute leur vie un amour qui ne vient pas. Par contre, il y a des femmes qui ne possèdent rien et ne se bercent nullement d'illusions et à qui la vie offre sans contrainte ses plus beaux cadeaux. Nos ancêtres avaient pris leurs expériences dans ce bas-monde en exemple pour élaborer de sages proverbes qui nous incitent à croire aux miracles de l'existence. (À suivre) Y. H.