Résumé : Lyès voulait épouser Ferroudja. Elle n'en revenait pas. Elle qui était venue en ville pour chercher du travail ne pouvait croire à sa chance. Pourtant, le jeune homme la trouvait différente des autres filles, et ses intentions étaient des plus sérieuses. Elle hausse les épaules : -Je n'aime pas trop les éloges. Je suis ce que le destin a bien voulu que je sois. Car si j'avais le choix, j'aurais opté pour une scolarité plus approfondie. Des études supérieures peut-être qui m'auraient ouvert des horizons plus vastes. -Tu vois comme tu es ambitieuse Ferroudja. Je savais que tu n'étais pas la femme qui se contentait de peu. -Hélas, je n'ai pu réaliser que très peu de choses. Elle se rendit soudain compte qu'elle était en train de parler d'elle, sans laisser aux autres le soin de placer un mot. Nassila lui sourit gentiment et l'exhorte à prendre son café, avant de lui dire : -Tu es une fille bien comme il faut Ferroudja, et Lyès est tombé amoureux de toi et veut t'épouser. N'est-ce pas, Lyès ? Ferroudja sentit les battements de son cœur s'accélérer. Lyès voulait l'épouser ! Avait-elle bien entendu, ou bien est-ce son imagination qui lui jouait des tours ? Pourtant Nassila insiste : -Lyès veut t'épouser Ferroudja. Il nous a parlé de toi et nous avons compris qu'il n'allait pas lâcher prise. Maintenant, la balle est dans ton camp. Nous lui avons fait comprendre que tu n'étais pas une fille qui prenait les choses à la légère et que tu devrais prendre le temps de réfléchir et de peser le pour et le contre avant de donner suite à sa proposition. Ferroudja demeure muette. Si on lui avait dit un jour qu'un type comme Lyès allait tomber amoureux d'elle, elle en aurait ri. Elle relève les yeux et rencontre le regard des trois personnes qui l'entouraient et qui attendaient sa réponse. Elle dépose la tasse de café qui tremblait dans ses mains et passe une main sur son visage avant de s'adresser à Nassila : -Je... ne sais quoi te répondre Nassila. Je... -Je sais. Tu es émue. Tu ne t'attendais pas à une telle proposition. Néanmoins Lyès est venu nous voir et nous a supplié de t'en parler. -Je ne savais pas que vous vous connaissiez. Lyès toussote et relève les yeux vers elle : -Nous sommes voisins depuis plusieurs années. Ma famille et celle de Nassila ont même un petit lien de parenté. Et puis, Malek et moi étions des camarades de promo. Nous avons fait nos études supérieures sur les mêmes bancs à l'université. Je t'avais vue à maintes reprises dans notre quartier. Le jour où je t'ai prise dans mon véhicule, j'étais décidé à aller jusqu'au bout. Mais tu m'avais dérouté et tu avais totalement disparu dans la nature. Plus tard, Nassila m'apprendra que tu suivais un stage de formation. J'ai alors pris mon mal en patience pour ne pas te perturber. Et puis en fin de compte, j'ai décidé d'installer mon agence dans la quartier où tu travaillais, afin d'être plus près de toi. Malek m'a aidé en m'indiquant le salon où tu bossais. Le reste était alors devenu un jeu d'enfant. Je pouvais t'épier à ma guise et suivre tous tes mouvements. Tout comme Roméo attendait sa Juliette, je ne savais rien faire d'autre qu'attendre tes petites sorties dans le quartier pour me "rincer les yeux". Ne pouvant tenir plus longtemps après toutes ces années où tu m'as fait languir, je me suis confié à Malek qui a tout bonnement organisé la rencontre d'aujourd'hui afin de mettre fin à mes souffrances. -Mettre fin à tes souffrances, dit Malek en ébauchant un sourire. Tu exagères ! Attends d'abord de connaître son opinion à ton égard. N'est-ce pas Ferroudja ? Déroutée, bousculée, Ferroudja sentit son cerveau bouillonner et ses pensées s'entrechoquer. Elle jette un regard à son entourage et cherche ses mots, mais sa langue demeure collée à son palais. Les choses se déroulaient trop vite à son goût. Elle, la paysanne qui, le matin même, s'était surprise à rêver et à penser à cet homme qui la demandait maintenant en mariage. Non, se dit-elle. Le rêve va se dissiper et le réveil sera douloureux. (À suivre) Y. H. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.