La charte d'éthique et de stabilité du système éducatif sera bientôt signée par les différents acteurs de l'éducation (administration, syndicats, organisations de parents d'élèves). Mais certains syndicats, qui ont pourtant adhéré à la démarche, semblent faire marche arrière, au motif que le document remettrait en cause le droit de grève et que sa philosophie sous-jacente jurerait avec les inévitables "constantes nationales". Ce qui est inexact, explique-t-on au ministère de l'Education, pour qui cette charte va bien au-delà du registre revendicatif récurrent, et se veut comme un cadre consensuel qui consacre à la fois l'éthique et la stabilité dans le secteur de l'éducation, afin de le soustraire aux turbulences chroniques de ces dernières années, dont on ne cesse de mesurer les conséquences négatives. Au ministère de l'Education, on considére que l'école algérienne se trouve actuellement dans une sorte de "tournant" qu'il importe de bien négocier, après la phase de la quantité. "L'Algérie a non seulement rattrapé ses retards historiques en matière de scolarisation hérités de la colonisation, mais elle a également pu faire face à la demande d'éducation qui s'est exprimée depuis l'Indépendance comme le note la loi d'orientation sur l'éducation du 23 janvier 2008", lit-on, justement, dans le document intitulé "déclaration sur la charte d'éthique éducative". Le nouveau défi auquel l'école algérienne doit faire face, de l'avis unanime des experts algériens et internationaux, est celui de la qualité qui suppose une élévation du niveau "en toute urgence". Cette élévation du niveau suppose de fixer des repères et de réhabiliter l'éthique qui connaît aujourd'hui un niveau de déliquescence jamais atteint. "L'école algérienne fait face à des tensions, à une crise de croissance ; elle est tiraillée par une sédimentation des dérives et d'insatisfactions portée par des pratiques relevant aussi bien de la violence physique que symbolique, des cours payants que des modes de comportement pédagogiques, d'enneigement et d'élévation : temps scolaires réduits, langages fondamentaux insuffisamment maîtrisés, absentéisme, taux d'échec et déperdition scolaire élevés, parcœurisme, disparités interwilayas en matière d'acquisition des savoir-faire", lit-on dans le document qui pointe ainsi de façon non exhaustive les marqueurs du naufrage de l'école algérienne. La charte de l'éthique et de la stabilité, qui fait déjà l'objet d'une campagne par ceux-là même qui avaient monté en épingle, l'été dernier, l'histoire de l'enseignement de l'arabe dialectal pour torpiller la Conférence nationale sur l'éducation, n'est pas une remise en cause des référents identitaires. "Elle explicite dans le contexte actuel les principes généraux adossés à des normes universelles, sans pour autant omettre de convoquer avec justesse et pertinence les valeurs propres à notre société", souligne encore le document. En somme, cette charte se veut comme un pacte entre tous les acteurs de la famille éducative pour réhabiliter "la sacralité" de l'école, selon le mot de Mme Benghebrit. Certainement qu'une action pédagogique dans les prochains jours s'impose pour restituer la portée et la pertinence de cette charte qui est un véritable acte fondateur. Il y va du devenir de l'Ecole algérienne. O. O.