Bush enregistre le plus bas taux de popularité pour un président qui entame un autre mandat. Seuls 58% des Américains pensent que George Bush est en mesure de bien faire. Quant à sa cote de popularité, elle est tombée à 49% d'opinions favorables. De mémoire d'Américains, jamais un président reconduit n'a chuté aussi bas dans les sondages. À titre comparatif, la politique de Bill Clinton était appréciée par 66% des Américains, à l'occasion du début de son deuxième mandat en janvier 1997. Même Richard Nixon, embourbé dans le scandale du Watergate, n'a pas été autant critiqué lors de son investiture en 1973 à la suite de sa réélection. Des manifestations hostiles à Bush ont eu lieu dans la majeure partie des grandes villes américaines, de San Francisco à Washington en passant par Austin, la capitale du Texas et fief du clan du président. L'Amérique est plus que jamais partagée quant au soutien qu'il faut apporter à l'Administration Bush pour les quatre prochaines années. Cette incertitude est bien illustrée par la position des démocrates au Congrès. Leurs représentants contestent le choix des nouveaux ministres provoquant un retard dans la prise de fonctions des secrétaires d'Etat aux affaires étrangères et de la justice dans le nouveau gouvernement. En effet, Colin Powell devra assurer encore le service pendant au moins une semaine, période exigée par le Congrès pour permettre à Condoleeza Rice de prendre la relève, en raison des réserves émises sur certaines positions antérieures de l'ancienne conseillère à la sécurité nationale sur la politique extérieure des Etats-Unis. Malgré sa bonne prestation lors de son audition par la commission du Sénat, où elle a affirmé qu'elle accordera la priorité à la diplomatie dans les rapports des Etats-Unis avec le reste du monde, il n'en demeure pas moins que sa nomination ne bénéficie pas du tout le soutien nécessaire. Alberto Gonzalez, le futur Attorney général, patientera lui aussi pour entrer en fonction à cause de l'opposition des sénateurs à sa désignation. L'ambiguïté constatée dans ses positions concernant la condamnation du recours à la torture dans les interrogatoires a provoqué une véritable levée de boucliers au Congrès. Certains sont allés jusqu'à demander le refus de sa nomination en qualité de ministre de la Justice. Ainsi, les choix de George Bush sont loin de faire l'unanimité dans les milieux politiques US. Son second mandat ne s'annonce guère sous de bons auspices. Son slogan “Combattre la tyrannie” n'a pas convaincu beaucoup de monde et nombre d'experts n'y voient qu'un subterfuge pour élargir sa marge de manœuvre dans ses actions musclées contre les régimes ne cadrant pas avec sa politique extérieure. K. A.