La treizième édition du festival international de jazz Dimajazz a été ouverte vendredi soir, à la salle Ahmed-Bey, avec de la fusion à volonté, jazz, gnawa et chants aïssaoua se mêlant et s'entrecroisant dans un brassage musical exquis. Dès les premières notes du groupe du batteur algérien Karim Ziad, accompagné de la troupe aïssaoua, Ahmed Benkhellaf, les rythmes endiablés ont ‘‘embrasé'' la scène, au grand bonheur d'une assistance qui ne pouvait tenir en place. Batterie et guitare basse se sont associées avec bendir et flûte dans une ambiance qui a alterné avec bonheur les ‘‘ibtihalate'' et les envolées rythmées soutenues tantôt par les bendirs, tantôt par la batterie. Les deux groupes qui battaient la mesure à tour de rôle, et parfois en même temps, ont rivalisé pour donner plus d'âme et de vibrations à leur prestation devant un public qui n'a pas beaucoup tardé à entrer en transe. En première partie de soirée, Karim Ziad and friends, le guitariste N'guyen Le, le claviériste Bojan Z, le saxophoniste Julien Loureau et le bassiste Michel Alibot ont régalé la salle avec des morceaux que le groupe a dédiés au regretté Aziz Djemame, disparu il y a déjà 10 ans, membre fondateur de l'"association Limma" qui a donné naissance au Dimajazz. Insraf, Zigzag, Stage et autres morceaux d'un répertoire que le public semble connaître et apprécier ont été interprétés avec talent, maîtrise et un "feeling" inouï. La bande à Karim Ziad, glissant d'un rythme à un autre, du jazz au gnawi, croisant les sonorités d'Orient et d'Occident, a été accueillie par un tonnerre d'applaudissements à chaque début de morceau, ce qui contribua à "chauffer" encore plus l'ambiance. L'entrée en scène tardive du Marocain Hacène Bessou a rappelé à tout le monde qu'il n'était pas encore l'heure d'aller dormir. Accompagné de son guembri et de la batterie de Karim, il a administré une sacrée dose d'énergie. Et c'est peu dire au vu des déhanchements observés dans la salle. Au cours d'une conférence de presse organisée après le spectacle, Karim a souligné que l'idée géniale d'introduire le chant aïssaoua était venue du commissaire du festival, Zouhir Bouzid. Dédiée à la Palestine, dont une délégation a assisté à la soirée d'ouverture, la treizième édition du festival international Dimajazz se poursuivra jusqu'au 3 décembre avec un menu très prometteur qui propose, entre autres, Alpha Blondy, interprète de l'inoubliable (et indémodable) Sweet fanta diallo, China Moses (fille de Dee Dee Bridgewater), le Billy Cobham Quintet, le Palestinien Tamer Abu Ghazaleh, le groupe colombien Cumbia Ya et l'ensemble britannique Incognito. Le festival Dimajazz, placé cette année sous le signe de l'événement "Constantine, capitale de la culture arabe 2015", dédié à Aziz Djemame, a pour théâtre la grande salle de spectacles Ahmed-Bey, ce qui donne à la manifestation, selon un avis unanime, une autre dimension. Un palier supérieur atteint grâce aussi à la pugnacité d'un groupe de passionnés qui a dû parfois lutter de toutes ses forces pour maintenir à flot un festival que beaucoup considèrent aujourd'hui comme l'un des plus aboutis dans l'antique Cirta. APS