Dans l'impossibilité jusque-là de s'expliquer avec le chef du Kremlin, en raison du refus de ce dernier d'établir tout contact avec lui, le président turc entretient l'espoir d'une rencontre entre les deux hommes à Paris, en marge du sommet CoP21. Redoutant les conséquences désastreuses des représailles prises par Moscou, Recep Tayyip Erdogan a de nouveau exprimé hier le souhait de rencontrer "en face à face" son homologue russe au sommet sur le climat de Paris, alors que Vladimir Poutine a officiellement annoncé qu'il ne souhaitait pas le rencontrer. Ceci étant, d'autres mesures de rétorsion sont en cours d'examen par le gouvernement russe, selon le Premier ministre Medvedev. "Nous travaillons sur un document pour introduire des restrictions et des interdictions des structures turques sur notre territoire. Cela portera sur les produits d'importation, sur la mise en œuvre de travaux et services fournis par des entreprises turques et d'autres mesures restrictives", a-t-il affirmé vendredi. Moscou avait déjà annoncé préparer des mesures de rétorsion économique contre Ankara et décidé de rétablir à partir du 1er janvier 2016 les visas pour les Turcs voulant se rendre en Russie. Mais en dépit du niet de Poutine de le rencontrer, le chef de l'Etat turc insiste au contraire pour lui parler de l'incident aérien qui a opposé les deux pays. Pour rappel, Moscou attend toujours des excuses, qu'Ankara a refusées jusqu'à maintenant de présenter pour la destruction du chasseur-bombardier russe à la frontière syrienne. "Comme nous le voyons, la Turquie refuse de s'excuser simplement pour l'incident de l'avion", a déclaré le conseiller du président russe, Iouri Ouchakov, pour justifier la position russe. Ce haut responsable russe a confirmé officiellement que Poutine refuse toute rencontre avec Erdogan, tout en soulignant que "le Kremlin a bien reçu l'offre de rencontre entre les deux chefs d'Etat à l'occasion de l'ouverture de la CoP21, lundi à Paris". Le président turc, qui a indiqué que son homologue russe ne répond pas à ses appels téléphoniques, multiplie les appels en direction de la Russie dans l'espoir d'apaiser la tension entre les deux pays. Il s'est dit hier chagriné par l'incident avec le bombardier russe Su-24, et a exprimé son espoir que cela ne se reproduise plus. "Cet incident nous a beaucoup chagrinés. J'espère que cela ne se reproduira plus", a-t-il déclaré. "Nous allons évoquer ce sujet et y trouver une solution. Lundi à Paris, le sommet climat pourrait être justement une occasion de renouer les liens avec la Russie", a ajouté Erdogan, dans l'espoir de forcer la main à Poutine pour qu'il accepte de s'entretenir avec lui à Paris. Sur un ton conciliant, il a lancé en direction du Kremlin : "La Turquie a besoin de la Russie, et la Russie a besoin de la Turquie. Nous ne pouvons pas ne plus être en contact." Mais en réponse aux représailles russes, Ankara a recommandé hier aux Turcs d'éviter tout déplacement non urgent en Russie. Selon le ministère turc des Affaires étrangères, cette mise en garde a été lancée en raison des "difficultés que rencontrent les citoyens turcs qui voyagent ou qui résident" en Russie et est valable "jusqu'à ce que la situation se clarifie". M. T.