Si l'on s'en tient aux propos de l'ancien ministre de la Défense sur la condamnation du général Hassan, nous sommes bel et bien dans une phase ascendante de cette fameuse guerre des clans qui n'aurait plus rien d'une vue de l'esprit. Tout le monde parlait de cette lutte de clans dont le point d'orgue aura été, sans conteste, le limogeage du général Toufik, patron tout-puissant du Département du renseignement et de la sécurité (DRS). En effet, plusieurs politiques en avaient fait état sans corroborer toutefois leurs propos par des faits précis. Désormais, c'est l'ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, d'enfoncer le clou après la condamnation du général Abdelkader Aït Ouarabi, dit "Hassan", à cinq années de prison ferme par le tribunal militaire d'Oran. Jusque-là, c'étaient surtout les avocats de l'ancien chef du service de coordination opérationnelle et de renseignement antiterroriste (Scorat) d'évoquer un procès clairement "politique". Cette fois, si l'on s'en tient aux propos du général à la retraite, nous sommes bel et bien dans une phase ascendante de cette fameuse guerre des clans qui n'aurait plus rien d'une vue de l'esprit. Ainsi, dans ce qui s'apparente à un véritable "coup de gueule", le général Nezzar vient lever toute ambiguïté autour de ce qui a été présenté comme restructuration ou déstructuration du DRS. S'il admet la nécessité de revoir le mode de fonctionnement et les structures du service de renseignement algérien, il ne comprend pas la sévérité du verdict prononcé à l'encontre de l'ancien chef de la lutte antiterroriste. À en croire l'ancien ministre de la Défense qui parle ès qualités, la justice (militaire) a été, dans le cas d'espèce, instrumentalisée. Que peuvent donc valoir aujourd'hui les propos du général Nezzar face à une machine judiciaire qui s'est mise en branle au profit d'une faction du pouvoir ? En définitive, Nezzar vient attester ce que tout le monde soupçonnait déjà en Algérie, à savoir l'absence d'"indépendance de la justice" et de "la séparation des pouvoirs". De ce point de vue, les juges civils ou militaires n'obéissent plus à la loi mais aux "coups de téléphone". Et quand elle est bien tuyautée, et "par qui de droit", la justice (civile ou militaire) se défait alors de sa légendaire lenteur et accélère le destin judiciaire des mis en cause. De cette manière, le général Hassan aurait été jugé coupable avant même tout jugement. Pour certains observateurs, ce procès pour le moins expéditif vient surtout illustrer la crispation politique en cours et, d'une certaine manière, la volonté de réécrire quelque part l'histoire de la lutte antiterroriste. S'agit-il seulement d'une lutte pour le pouvoir à l'heure où l'on évoque à hue et à dia l'Etat civil ? Pas si sûr ! On suspecte aussi une mise sous coupe réglée des richesses du pays et du contrôle des secteurs économiques les plus lucratifs. Ce serait ainsi un simple conflit d'intérêts entre gens qui partagent le même "système de valeurs" et la même culture politique sachant que la violence a été érigée en Algérie en norme de gouvernance, et ce, depuis l'Indépendance du pays. Autre caractéristique de ce qu'il convient d'appeler "l'affaire Hassan" dixit Nezzar, l'esprit de corps militaire dont se prévaut, non seulement, l'ancien ministre de la Défense mais également le chef hiérarchique du condamné, en l'occurrence le général Toufik. Selon M. Nezzar, l'ex-patron du DRS aurait même endossé par écrit, alors qu'il était en fonction, dans un courrier au chef de l'Etat, les responsabilités imputées à son subordonné affichant ainsi sa loyauté à l'égard de ses hommes. M-C. L.