L'arrivée, aujourd'hui, en Algérie de Amr Moussa est un signe annonciateur d'une importante activité diplomatique dans le cadre de la bataille de la réforme d'une institution aux structures obsolètes. À deux mois du sommet arabe, l'Algérie met les bouchées doubles pour assurer la réussite de ce rendez-vous, qui devrait enclencher la réforme de la Ligue arabe, dont la Charte, vieille de soixante ans, a besoin d'une actualisation certaine. Conscients que les réformes ne peuvent être concrétisées en un court laps de temps, l'on s'attelle à mettre en marche le processus de réforme qui pourrait s'étaler sur plusieurs années. Nombre de projets de révision, dont ceux de l'Algérie et de l'Egypte, font l'objet de tractations pour aboutir à un accord sur ces questions. De sources sûres, l'on apprend que les propositions algériennes et égyptiennes sont quasiment identiques sur tous les plans, à l'exception du point relatif au secrétariat général. Le seul pays ayant soulevé, à l'instar de l'Algérie, la nécessité de revoir le fonctionnement du secrétariat général est le Yémen. Loin de constituer une priorité pour la majeure partie des membres, ce sujet demandera un consensus, qui n'est pas près de se dégager, pour l'instant, en raison du mode de vote au sein de la Ligue arabe. Tant que ce mode de vote, par consensus, est toujours en vigueur, il est très difficile, voire impossible, de modifier quoi que ce soit dans les statuts de la Ligue arabe. Les résultats de la dernière réunion ministérielle au Caire sont là pour l'attester. Sur tous les projets de réforme, seule la création d'un Parlement arabe a été retenue. Et, il ne s'agit que d'un Parlement provisoire, qu'il faudra revoir à l'avenir pour arrêter définitivement les modalités de son fonctionnement et ses prérogatives. La mise en place d'une cour de justice et surtout la révision de la Charte, qui date de 1945, sont également des questions qu'il faut traiter dans les meilleurs délais. La bataille s'annonce ardue, notamment au sujet de la réglementation du secrétariat général. Mais comme l'aboutissement à un consensus relève pratiquement de l'impossible, le règlement du point relatif au mode de scrutin constitue une véritable urgence. L'on croit savoir qu'un accord est sur le point d'être conclu pour que l'adoption des résolutions se fera à l'avenir aux deux tiers des membres de la Ligue arabe. Dans l'objectif de faire du sommet d'Alger le point de départ d'une réforme adaptée à l'époque actuelle, il s'est avéré indispensable de réunir à nouveau les ministres des Affaires étrangères pour réduire davantage les divergences entre les différentes parties. Ainsi, la capitale égyptienne accueillera les 3 et 4 mars prochain un sommet des chefs de la diplomatie arabe. Deux semaines plus tard, les 18 et 19 mars, Abdelaziz Belkhadem accueillera ses pairs à Alger pour finaliser les propositions à présenter au sommet des chefs d'Etat, que présidera l'Algérie. K. A.