Dans le cadre de la préparation du sommet d'Alger, prévu en mars prochain, les chefs de la diplomatie arabe feront le point aujourd'hui sur le dossier des réformes, qui divisent les membres de la ligue. La capitale égyptienne constituera probablement l'entame de la bataille que se livreront en mars prochain à Alger les chefs d'Etats arabes sur l'adoption des réformes visant à moderniser la Ligue arabe. Dominée par les Egyptiens, cette instance est loin de répondre aux attentes de ses membres. Abdelaziz Belkhadem, le ministre algérien des Affaires étrangères, a jeté un véritable pavé dans la mare, la semaine écoulée, en qualifiant la Ligue arabe d'“annexe du ministère égyptien des Affaires étrangères”. Il a également souhaité que le secrétariat général cesse d'être le monopole d'un seul pays, allusion faite à l'Egypte, et qu'il devienne un tournant entre les différents membres. Cette sortie médiatique diluée diplomatiquement par Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, qui a estimé que les propos de notre chef de la diplomatie ont certainement été “déformés par les journalistes”, sera sans aucun doute au centre des débats. À son arrivée hier au Caire, Belkhadem a convergé dans le même sens en minimisant la portée de ses déclarations, auxquelles la presse égyptienne aurait accordé une importance démesurée. Ceci étant, il y a lieu de rappeler que le Tunisien Chadly Klibi a hérité du poste à la suite du transfert dans la capitale tunisienne du siège de la ligue en raison de l'accord de paix israélo-égyptien de camp David en 1978, considéré à l'époque comme une trahison envers la cause arabe et palestinienne. En fait, le projet algérien ne se limite pas uniquement à la nationalité du secrétaire général, mais vise la question de la durée du mandat de cette fonction et ses prérogatives. Ce sera le moment où jamais pour les participants de mettre sur la table toutes leurs divergences sur cette épineuse question des réformes qui, rappelons-le, a fait échouer le sommet des chefs d'Etat en Tunisie en mai 2004. L'altercation entre le prince héritier saoudien, Abdallah, et le guide de la révolution libyenne, qui ont failli en venir aux mains, est encore fraîche dans les mémoires. La suite des travaux du sommet n'a été qu'une simple formalité parce qu'il a été impossible d'aboutir à un consensus sur les réformes à engager. Il était question de créer un Parlement arabe, d'un Conseil de sécurité et de paix arabes et d'une cour de justice. Le renforcement des institutions financières et la création d'une banque arabe de développement, avec les mêmes instruments que la Banque mondiale, étaient aussi à l'ordre du jour. Les différends étaient si nombreux que la question des réformes a été simplement ajournée. C'est dire que le dossier des réformes de la Ligue arabe divise plus qu'il ne rassemble les vingt-deux pays membres. Aujourd'hui, ce sera aux ministres des Affaires étrangères arabes de tenter d'aplanir les différends, dans l'espoir de dégager un consensus avant la tenue du sommet d'Alger en mars prochain. La question de l'aide financière à l'Autorité palestinienne sera également soulevée à cause du non-respect des quotes-parts par les membres. Sur les 330 millions de dollars prévus par le sommet de Tunis, seuls 56,8 millions de dollars ont été versés à la fin du mois de septembre dernier. La commission chargée de l'élaboration d'un traité régional pour faire du Moyen-Orient une zone exempte des armes de destruction massive, notamment les armes nucléaires israéliennes, présentera un rapport sur le sujet à la réunion ministérielle. K. A.