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38e partie
Comme un grain de sable
Publié dans Liberté le 08 - 12 - 2015

Résumé : De retour chez elle, Nawel rencontre son beau-frère Mourad. Il était venu l'inviter à dîner car Salima avait des choses à lui annoncer. Elle comprit qu'il s'agissait de leur mariage imminent. C'était le cas. Heureuse et triste en même temps, Nawel appréhendait la solitude qui l'attendait. Mais le mariage sera célébré le mois prochain, et elle devrait assister à la cérémonie.
Nawel acquiesce :
- Sa réaction est légitime Mourad. Comme toutes les mamans, elle veut montrer son bonheur et marquer ce grand jour à sa manière. Ne t'en fais pas mon cher beau-frère, même si je n'aime pas trop ces démonstrations tapageuses, je soutiendrai ma sœur jusqu'au bout.
C'est le plus beau jour de votre vie, et je ne veux en aucun cas ternir votre bonheur ou rater cette heureuse circonstance.
-Essaye donc de te dérober, et tu auras affaire à moi.
Mourad se met à rire, et Salima sourit en faisant un clin d'œil complice à sa sœur :
-Au moins tu ne m'auras plus dans les jambes pour t'embêter.
-M'embêter ? Tu n'y penses pas. Je vais me sentir seule et toute perdue dans notre appartement.
Elle sentit ses yeux s'humidifier et refoule ses larmes avant de poursuivre :
-Je vais avoir du mal à m'habituer à vivre seule. Cela fait des années que nous sommes ensemble Salima.
-Ne pense pas que je vais t'abandonner Nawel. Je vais t'appeler tous les jours. Tu viendras passer les week-ends avec nous dès notre retour de notre voyage de noces.
Nawel tapote l'épaule de sa sœur :
-Je suis assez grande, voire même assez vieille pour m'occuper de ma petite personne. Certes, tu vas me manquer, mais je n'aimerais pas entraver ton bonheur ma chérie. Je viendrai de temps à autre demander de tes nouvelles. Nous allons nous appeler régulièrement, mais de là à penser à m'immiscer dans ton couple, je ne pense pas que l'idée soit bonne pour des jeunes mariés. On venait de les servir, et Nawel prend une cuillère pour entamer sa soupe. Son portable se met à sonner. Elle reconnaît le numéro de Nabil et coupe la communication. Salima surprend son geste mais ne fait aucun commentaire. Elle venait de comprendre que sa sœur avait enfin un petit ami. Nabil était resté jusqu'à une heure tardive à son bureau. Il voulait proposer à Nawel une petite promenade nocturne au bord de l'eau. L'idée l'avait frôlé alors qu'il lisait la énième partie de son récit. Kamélia Rostom ne cessait de l'intriguer. Elle écrivait bien, et le suspense qui suivait la fin de chaque partie ajoutait un grain de sel au feuilleton. Il ne se lassait jamais de lire ces histoires "appétissantes", et maintenant qu'il en connaissait l'auteur et pouvait mettre un visage sur cette signature, il ne pouvait que se sentir fier. Il regarde l'heure. Il était déjà 22h ! Etait-elle rentrée ? Il avait tenté de la joindre en début de soirée, mais elle ne répondait pas. Il l'avait rappelée un peu plus tard, et elle avait rejeté son appel. Etait-elle gênée ? Dormait-elle ou travaillait-elle sur son nouveau feuilleton ? Toutes les hypothèses étaient plausibles. Nawel était une femme de lettres et une journaliste accomplie. Elle avait ses programmes quotidiens et ne pouvait changer ses habitudes. Il ramasse quelques dossiers qui traînaient sur son bureau, éteint son ordinateur et met quelques affaires dans son cartable, avant d'éteindre les lumières et de quitter les lieux. Ses collaborateurs étaient partis depuis longtemps. Par contre, lui, comme à ses habitudes, lorsqu'il avait le cafard, il avait préféré tarder au bureau pour signer le courrier en instance et fumer une dernière cigarette. Ses pensées avaient bifurqué vers Nawel, mais ses tentatives de la joindre s'étaient avérées vaines. Il se rendit compte qu'il avait développé des sentiments envers elle. Des sentiments qui lui faisaient peur, mais qu'il ne dominait plus. L'aimait-il ? Il ne le savait pas encore. Par contre, il avait besoin d'entendre sa voix ou sentir sa présence. Il repense à ses deux enfants et à son mariage raté. Pourquoi fallait-il qu'il essuie cet échec, lui qui a toujours su organiser son existence ? Il secoue la tête. Le passé ne comptait plus pour lui. Mais le présent le narguait. Ses enfants menaient une vie paisible maintenant que le gros de l'orage est passé. Il est content de les savoir en sécurité près de sa mère. Ils ne pouvaient mieux tomber. Lorsqu'il les avait ramenés, ils étaient encore très jeunes. Malia avait 8 ans, et Nazim 10 ans. Quoique le départ hâtif de leur mère les ait choqués, ils s'étaient rapidement habitués à leur nouvelle vie chez leur grand-mère paternelle qu'ils affectionnaient. Cette dernière le leur rendait bien. Elle les choyait, les gâtait et ne leur refusait presque rien.
(À suivre)
Y. H.


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