Résumé : Nawel passe une autre journée à la rédaction. Elle est prise dans l'engrenage de ses tâches. La journée tire à sa fin, elle vérifie la maquette avec Mohamed et se surprend à souhaiter que Nabil l'appelle pour l'inviter à dîner, car elle ne voulait pas rentrer tout de suite à la maison. Dans son véhicule, elle augmente le son de la radio et n'entend pas la sonnerie de son portable. Elle arrive à la maison sans encombre. Il se faisait tard, et la circulation était fluide sur l'autoroute. Un petit vent s'était levé. Elle relève le col de sa veste et se dirige vers son immeuble. À peine avait-elle commencé à monter les escaliers qu'un bras se pose sur son épaule. Elle se retourne en sursaut pour reconnaître son beau-frère Mourad : -Bonsoir Nawel. Je pensais que tu allais encore tarder, et j'ai proposé à Salima de dîner dehors. Veux-tu te joindre à nous ? Elle sourit en se rappelant ce souhait qu'elle avait formulé quelques heures plutôt. Elle voulait dîner dehors ! Mais pas seule. "J'aurais dû faire un autre vœu", se dit-elle. -Si cela ne vous dérange pas, je partagerai votre dîner avec plaisir. Mais où est donc Salima ? -Elle arrive. -Je vais monter déposer mes affaires. Nous allons sûrement redescendre ensemble. -Alors je vous attends dans mon véhicule. Le restaurant où ils se rendirent regorgeait de monde. C'était une petite auberge, à l'orée d'un bois, où on proposait des plats traditionnels dans un cadre très agréable. Le trio s'attable à côté d'une grande fenêtre qui donnait sur un petit jardin où poussaient des plantes odorantes. Nawel aspire un bon bol d'air et sourit en s'adressant à son beau-frère et à sa sœur : -Je n'aurais pas dû déranger votre intimité. Vous ne sortez pas souvent, et je suis là comme un cheveu dans la soupe. -Mais non, lance Mourad. Tu ne nous déranges pas. Salima voulait que je te mette moi-même au courant de certaines choses. -Quelles choses ? Votre prochain mariage ? Il hoche la tête : -Oui. Nous allons nous marier le mois prochain. -Déjà ! Elle espérait que Salima allait encore rester quelques mois près d'elle. Au moins jusqu'à l'été. Salima déglutit : -Je suis désolée Nawel. J'aurais voulu demeurer encore un moment avec toi, mais vois-tu, Mourad et moi sommes fiancés depuis bien longtemps. Plus de deux années. Je... Nous pensons qu'il est grand temps pour nous de fonder un foyer. Le temps passe tellement vite. Tu comprends, nous aimerions profiter au maximum de nos meilleures et jeunes années. Nawel garda le silence. Sa gorge était trop nouée, et elle ne put prononcer aucun mot. Mourad intervient : -Je me suis rendu au bled il y a quelques jours. Tes parents n'y voient aucun inconvénient. Nos deux familles sont d'accord pour célébrer ce mariage aussi rapidement que possible. -Oui, Mourad. Je comprends. Elle avait prononcé ces quelques mots d'une voix étranglée par l'émotion. Pour ne pas montrer son désappointement, elle prend une lente inspiration et porte la main à son ventre, comme pour juguler une éventuelle crise d'angoisse. Mais on dirait que ses forces revenaient. Sa journée à la rédaction n'avait pas été de tout repos, mais cela lui avait fait du bien. Cependant, l'annonce du mariage éminent de Salima lui rappelle qu'elle devrait désormais s'adapter à sa solitude. -Salima m'a dit que tu as repris ton boulot au journal. Elle hoche la tête : -Oui. J'ai repris mon travail, Mourad. Je viens d'obtenir une promotion. -Je le sais, j'ai vu ton nom dans le journal. Tu es rédactrice en chef. Félicitations ma belle-sœur. Elle ébauche un sourire : -C'est moi qui devrais vous féliciter tous les deux pour votre mariage. -Nous n'en sommes pas encore là. Tu vas bien sûr rentrer au bled avec Salima une semaine avant la cérémonie, n'est-ce pas ? Elle relève ses sourcils et secoue la tête : -Ai-je le choix ? (Elle rit) J'appréhendais tant cette fête. Je ne suis pas assez remise pour supporter le bruit et tout ce monde qui va affluer à la maison. -Tu supportes bien le chahut de la rédaction. -Oui... Je dois même y faire face. C'est une obligation. Mon travail nécessite des contacts, des réunions, des discussions... Mourad sourit : -Il n'y aura sûrement pas autant de contraintes chez tes parents. Le mariage sera célébré dans l'intimité familiale. Tu reviendras avec le cortège nuptial. C'est plutôt dans ma famille que la cérémonie sera grandiose. Ma mère tient à organiser une grande fête. Depuis le temps qu'elle me harcèle pour me marier, je dois au moins lui accorder la volonté de célébrer mes noces à sa guise.