Désormais premier parti politique de France en termes d'électorat, avec plus de 30% des suffrages exprimés dimanche dernier, le Front national passera un véritable test aujourd'hui pour mesurer son véritable poids. Gonflée à bloc par ses scores lors du premier tour où elle a dépassé les 40% dans deux régions, la formation d'extrême droite de Marine Le Pen espère bien prendre le pouvoir dans au moins deux régions : Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Il va lui falloir démentir les sondages qui la donnent pourtant perdante, mais avec des écarts serrés. Selon une enquête de l'institut TNS-Sofres pour les médias Le Figaro et LCI, Christian Estrosi (parti de droite Les Républicains) serait vainqueur au second tour face à Marion Maréchal-Le Pen (nièce de Marine Le Pen), avec 54% des intentions vote contre 46%. Dans le Nord, Xavier Bertrand, également du parti Les Républicains, gagnerait contre Marine Le Pen avec 53% des voix contre 47%. Dans un autre sondage réalisé par l'institut Odoxa pour les médias Le Parisien-Aujourd'hui et BFMTV, Christian Estrosi l'emporterait (52% contre 48%). Un troisième sondage de l'institut Harris interactive pour la chaîne de télévision M6 le donne aussi gagnant (51% contre 49%). Mais trois ou deux points, c'est généralement la marge d'erreur des sondages. Donc tout reste possible, d'autant plus que l'abstention, estimée à pratiquement 50% lors du premier tour, sera déterminante. En effet, si plus de 20 millions de Français ne vont pas aux urnes aujourd'hui, le plus grand bénéficiaire sera inévitablement le Front national. Il faut admettre que rarement un scrutin aura été aussi indécis dans l'Hexagone. Le Parti socialiste de François Hollande, qui s'est désisté, dans la douleur, dans le seul espoir d'éviter l'élection de Marine Le Pen dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, de Marion Maréchal-Le Pen au Sud, en Provence-Alpes-Côte-D'azur, et de Florian Philippot dans l'Est, en Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine, n'a rien obtenu en contrepartie de la part du parti Les Républicains de Nicolas Sarkozy. En échange de son désistement républicain, il aura eu droit au "ni fusion ni retrait" de Nicolas Sarkozy. Cette absence d'entente entre la droite et la gauche sera-t-elle réellement profitable au Front national ? Rien n'est sûr, au point où les responsables du parti de l'extrême droite ont affirmé : "Il y a une forte inconnue, pour nous et pour les autres. C'est tout ou rien, ça peut être trois régions, ça peut être zéro." Le Front national pourrait donc ne rien gagner aujourd'hui, en fonction des reports de voix de la gauche vers la droite pour lui faire barrage. Reste à savoir aussi si les électeurs de gauche et de droite respecteront les consignes de vote données par les responsables des partis politiques. Difficile d'être catégorique, du moment que des candidats du PS ont refusé de se retirer au bénéficie de la droite en dépit des instructions du parti. M.T.