L'augmentation des tarifs du transport collectif, le manque d'eau et le chômage sont à l'origine de la colère. Le vent de la protesta qui souffle ces derniers jours sur certaines régions du pays n'a pas épargné la wilaya de Tiaret qui a connu un début de semaine tumultueux et agité. Cela a commencé à Torich, une petite localité située au nord du chef-lieu de la wilaya et à quelques kilomètres de la daïra de Oued Lili, où la population avait, durant la nuit de vendredi à samedi, barricadé la route menant à Tiaret à l'aide de pylônes usagés. Au petit matin, des centaines de personnes se sont rassemblées pour en bloquer carrément l'accès. À l'origine de ce mouvement, l'épineux problème du chômage, l'augmentation des tarifs du transport collectif, le manque d'eau potable et la répartition inéquitable des projets inscrits au profit de la commune. Vers 8h, les manifestants reçoivent la visite du chef de daïra accompagné du P/APC qui ne parviennent cependant pas à disperser la foule qui réclame la présence du wali sur les lieux. À 9h, un premier groupe d'intervention de la gendarmerie, composé d'une cinquantaine d'éléments environ, arrive sur les lieux avant d'être rejoint par un renfort de plus d'une centaine de gendarmes. Les gendarmes ont recours aux tirs de gaz lacrymogène tout en lâchant les chiens aux trousses des manifestants. Des blessés, dont on ne connaît pas le nombre exact, sont enregistrés dans les deux camps, et des véhicules de la gendarmerie sont saccagés. Une fois dispersés, les manifestants sont traqués par les éléments de la gendarmerie qui finissent par arrêter, selon des témoignages, 29 personnes qu'ils ont embarquées vers les brigades de Rahouia, Djilali Ben Amar et Guertoufa. Selon les mêmes témoins, même des personnes âgées sont arrêtées lors de cette opération qui a duré jusqu'à une heure tardive de la soirée de samedi. Néanmoins, les citoyens que nous avons pu contacter se disent déterminés à camper sur leurs positions jusqu'à la libération des détenus et un éventuel entretien avec le premier responsable de la wilaya. Une situation somme toute qui risque de s'envenimer davantage dans la mesure où le même scénario s'est produit, durant la matinée d'hier, à Oued Lili où la sortie nord a été bloquée par des pneus mis à feu. Durant la matinée de cette même journée, les habitants s'en sont pris au véhicule de l'APC de Sidi Ali-Mellah qu'ils renversèrent après avoir évacué les occupants. Cependant, nos tentatives de toucher le responsable du groupement de la gendarmerie pour de plus amples informations furent vaines. Ce dernier, nous répondait-on, se trouvait à Ouled Djerad, dans la daïra de Aïn Kermes, où des lycéens étaient descendus dans la rue pour protester contre l'augmentation des tarifs de transport. Au niveau de la cour de justice de Tiaret, on nous informait que les détenus de Torich devaient comparaître devant le procureur de la République. Par ailleurs, ce soulèvement n'a pas manqué d'être au centre des discussions au niveau de toutes les contrées de la wilaya où l'on considère que les revendications citées ne sont que la face cachée de l'iceberg puisqu'on l'impute aux dernières augmentations enregistrées sur les prix de certains produits courants, notamment le gaz butane, produit du pauvre, qui a connu une inflation de plus de 25%. R. S.