Les antibiotiques demeurent la plus grande avancée thérapeutique de la médecine depuis la deuxième moitié du XXe siècle. Cependant, leur forte consommation a été à l'origine du phénomène de résistance des bactéries. La problématique de la résistance aux antibiotiques a particulièrement focalisé les débats qui ont eu lieu dans le cadre d'une journée scientifique sur l'antibiothérapie, organisée par l'association des médecins libéraux en collaboration avec la Direction de la santé et de la population de la wilaya de Médéa, jeudi, à l'auditorium du pôle universitaire de l'université Yahia-Farès. Les intervenants ont souligné le rôle des antibiotiques qui demeurent la plus grande avancée thérapeutique de la médecine depuis la deuxième moitié du XXe siècle. Cependant, ont-ils précisé, leur forte consommation a été à l'origine du phénomène de résistance des bactéries. La crainte majeure, dira le docteur M. F. Benkortbi, infectiologue, est l'échec thérapeutique du fait de l'utilisation abusive des antibiotiques alors que certains antibiotiques sont même devenus obsolètes. Et de s'interroger si le glas de l'âge d'or des antibiotiques n'a pas sonné pour que des actions urgentes soient mises en place. La gravité de la situation est amplifiée par le manque d'intérêt des laboratoires pour la recherche de nouvelles molécules, en s'intéressant en priorité aux maladies dites de civilisation, car génératrices de profits. Les données de consommation montrent que le marché est juteux avec plus de 10 millions de tonnes d'antibiotiques consommés chaque année dans le monde, dont 50% sont destinés aux animaux même si l'usage extensif des antibiotiques a favorisé la prolifération des bactéries résistantes. Ce qui, dira le spécialiste, va dans le sens de l'anéantissement de plus de 50 ans de progrès, car les médicaments ne suffisent plus à détruire certaines souches. L'hôpital est un milieu favorable à la dissémination des phénomènes de résistance et des maladies nosocomiales, mais il existe d'autres milieux propices à la propagation des infections communautaires telles que les familles, les crèches, les maisons de retraite, etc. Selon le conférencier, le problème lié aux difficultés thérapeutiques intéresse de plus en plus de monde même si aucune découverte d'envergure n'est à signaler hormis une vingtaine de molécules trouvées depuis l'année 2000. Les perspectives qui s'offrent à la science dans la lutte contre les bactéries multi-résistantes est la prospection d'autres voies telles que la phagothérapie et l'utilisation des molécules de la mer à partir des sédiments de l'Océan. En Algérie, la surveillance et la consommation des antibiotiques n'a fait l'objet que de très peu d'études qui ont montré que les grands utilisateurs de ces médicaments sont respectivement les services de réanimation, de médecine interne et de cardiologie. Pour réduire la consommation "débridée" des antibiotiques, il est suggéré de mener une campagne de sensibilisation en direction du grand public et de réduire l'automédication par les antibiotiques. M. E.B.