L'Arabie saoudite a poussé son audace trop loin en annonçant la participation de certains pays musulmans à sa coalition dite "islamique", pour lutter contre le terrorisme, sans les informer au préalable. Après le Pakistan, c'est en effet au tour du Liban de manifester sa surprise face à la sortie saoudienne annonçant à la fin de la semaine dernière la naissance d'une "coalition islamique", composée de 34 pays, mais dont sont exclus l'Irak, la Syrie et l'Iran et à laquelle l'Algérie ne veut pas participer. Le ministère libanais des Affaires étrangères avait déclaré en effet, selon les médias locaux, que Beyrouth n'avait reçu aucune information à ce sujet, pas plus qu'"un mémo ou un appel téléphonique". Hormis le Premier ministre libanais Tammam Salam qui se serait engagé au nom de son pays, aucun membre du gouvernement n'était, semble-t-il, au courant et les ministres ont découvert la nouvelle dans la presse. L'éventuelle participation du Liban à la coalition islamique, ou plutôt sunnite, a soulevé un tollé à Beyrouth. "Nous rejetons catégoriquement la participation (du Liban) à une alliance de ce genre, surtout à la lumière de données suspectes, et nous rappelons que le Liban a toujours été à l'avant-garde de la lutte antiterroriste, que ce soit le terrorisme israélien endémique ou le terrorisme takfiriste (djihadiste) récent", a réagi le Hezbollah (chiite) dans un communiqué, repris par le quotidien francophone L'Orient, Le Jour. "Nous avons été surpris par l'annonce saoudienne que le Liban fait partie de la coalition, sans que les Libanais soient au courant (de cette participation). Cette annonce est une violation de la Constitution (libanaise), des lois et des us et coutumes", a dénoncé encore le Hezbollah. Outre le Liban, l'Indonésie et la Malaisie ont aussi été surprises par l'annonce saoudienne. Le gouvernement de Jakarta a nié en fait avoir rejoint la coalition islamique. "(Nous n'avons) pas encore vu les détails de la portée de cette coopération", a affirmé Jakarta dans un communiqué. Quant à la Malaisie, son ministre de la Défense a exclu "toute implication militaire", ont rapporté les médias. Le Pakistan a été le premier pays a avoir exprimé son étonnement de figurer, sans en être informé, dans cette coalition qui sert plutôt d'argument à Riyad pour se dédouaner face à la multiplication des rapports et des voix dénonçant son double-jeu dans ce dossier. Le régime des Al-Saoud à l'idéologie wahhabite, est ouvertement accusé de nourrir le terrorisme islamiste à travers le financement des mosquées et des mouvements terroristes en Syrie (Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda) qui se battent contre le régime de Damas, ainsi que d'autres mouvements à travers le monde. La création de la coalition islamique fournit aussi la preuve d'une volonté de l'Arabie saoudite d'asseoir son leadership au Proche-Orient. L. M.