- Invité hier au forum de Djazaïr News, l'ancien chef de l'Etat a affirmé que la commission nationale de l'amnistie générale, dont il est le président, a été créée sur l'initiative de Abdelaziz Bouteflika - “Beaucoup de repentis sont encore armés et s'ils n'obtiennent pas ce qu'on leur a promis, ils remonteront au maquis” - La commission tente de faire libérer une trentaine de terroristes encore en détention. Invité hier du forum du quotidien arabophone Djazaïr news organisé à l'hôtel El-Aurassi, l'ancien président de la République, Ahmed Ben Bella, a fait des révélations fracassantes sur la mission de la commission nationale de l'amnistie générale qu'il préside de manière honorifique. Il a affirmé que cet organisme a été mis en place sur instigation du premier magistrat du pays, Abdelaziz Bouteflika. “C'est lui qui a suggéré aux animateurs de la commission de me proposer la présidence d'honneur”, a précisé M. Ben Bella. Les autorités du pays n'ont pas, néanmoins, souhaité donner un caractère officiel à cette organisation pour des raisons qui sont apparues en filigrane au fur et à mesure de l'avancement de la conférence-débat. Ahmed Ben Bella a annoncé que ladite commission s'attelle à régler les problèmes des repentis de l'AIS (Armée islamique du salut), bénéficiaires des dispositions de la loi portant rétablissement de la concorde civile. “Nous sommes en contact avec les terroristes qui activaient dans les rangs de l'AIS”, a déclaré l'ancien chef de l'Etat. Selon lui, les repentis n'ont pas obtenu les droits qui leur avaient été accordés en vertu d'un accord secret conclu entre l'Etat et les chefs de l'AIS. “L'Etat n'a pas respecté ses engagements”, a-t-il asséné. “Beaucoup de repentis sont encore armés. S'ils n'obtiennent pas ce qu'on leur a promis, ils remonteront au maquis”, a prévenu M. Ben Bella, avant de jeter un autre pavé dans la mare. “La commission fait des tentatives pour libérer des terroristes en détention. Nous traitons actuellement trente cas”. Au-delà de ces confessions, l'invité du forum de Djazaïr news s'est avéré incapable de donner la moindre information sur les bénéficiaires potentiels de l'amnistie générale et sur les mécanismes de sa mise en œuvre. “On ne me dit pas tout”, a avoué le vieux combattant, aujourd'hui âgé de 88 ans. Il n'a pas manqué néanmoins de fustiger les détracteurs de la réconciliation nationale et son corollaire l'amnistie générale. “Les problèmes des familles des disparus et de celles des victimes du terrorisme ne doivent en aucun cas constituer un prétexte pour torpiller le projet portant amnistie générale”. Il a proposé, toutefois, aux personnes ayant perdu un proche dans des attentats terroristes de présenter leurs doléances à la commission qu'il préside. Un journaliste l'a alors acculé sur ses rapports avec l'actuel locataire du palais d'El Mouradia. Celui-là même qui a participé au coup d'Etat fomenté contre lui le 19 juin 1965. “Vous pouvez le dire, Bouteflika m'a mis en prison. Ce n'est pas lui que j'aide aujourd'hui, mais mon peuple”, a-t-il répondu, quelque peu énervé. “N'ouvrez pas nos blessures pour nous laisser mourir dedans. Je ne répondrai pas aux questions qui évoquent le passé. J'ai posé cette condition avant d'accepter l'invitation du journal Djazaïr news”. Quelques minutes plus tard, il est revenu lui-même à la charge en soutenant qu'il ne donnait pas un coup de main à la concrétisation de la démarche relative à l'amnistie générale parce que “Bouteflika est le meilleur président de la République algérienne, mais plutôt parce qu'il est le moins nuisible”. Des aveux qui sous-entendent la persistance d'une certaine rancune envers celui qui a joué un rôle dans sa destitution de la présidence de la République, il y a près de quarante ans. “Le FLN n'appartient qu'au peuple” Ahmed Ben Bella a affirmé, hier, que nul n'a plus le droit d'utiliser le sigle du FLN pour faire de la politique. Il a estimé que ce sigle, de par sa charge historique, n'appartient qu'au peuple algérien. Il devient alors un patrimoine de la mémoire collective, qui mérite, de son avis, qu'on lui dédie un monument. “Que ceux qui veulent faire de la politique choisissent un autre nom pour leur parti”. Il faut noter que le premier président de l'Algérie indépendante n'est pas le seul à croire qu'il serait plus judicieux de mettre le FLN au musée. Le chef de l'Etat en exercice et Bachir Boumaza, révolutionnaire et ancien président du Conseil de la nation, partagent cet avis. S. H.