Pour elle, l'émission du journal Ennahar, dont la diffusion est annoncée pour aujourd'hui, a été préparée lors d'une réunion secrète à laquelle a pris part un ministre dont elle n'a pas cité le nom. Offusquée par les attaques portées contre elle par le quotidien arabophone Ennahar dont la manchette d'hier annonçait la diffusion sur la chaîne de la même entreprise, d'une enquête sur ses "biens" et ceux de sa famille, voire de certains militants du parti, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a convoqué dans la même journée une conférence de presse "en urgence" pour répondre à ce journal qu'elle qualifie de "torchon au service de l'oligarchie prédatrice et des gangs mafieux". Pour elle, cette énième charge que venaient, de commettre, cette fois-ci contre elle, ce journal et sa chaîne "du Printemps arabe" qu'elle assimile à Al-jazeera est "une aliénation sans précédent". D'où sa décision de poursuivre cette entreprise médiatique (journal et chaîne TV) en justice pour "diffamation et atteinte à la vie privée", à la fois contre elle, les membres de sa famille mais aussi le militant du PT, Smaïl Kouadria, ancien secrétaire général du syndicat UGTA de l'entreprise ArcelorMittal (El-Hadjar), cité nommément dans "l'enquête" d'Ennahar. La première responsable du PT a fait savoir que quatre plaintes ont été déposées, dès la matinée d'hier, contre ce qu'elle qualifie de "torchon". Il s'agit de deux plaintes dont l'une en référé qui a pour objectif d'annuler la diffusion de l'enquête annoncée pour la soirée d'aujourd'hui, déposées par un collectif d'avocats qu'elle avait engagé aussitôt que "l'information" a été publiée, alors que les deux autres plaintes ont été déposées, l'une par ses deux frères et l'autre par Smaïl Kouadria. Parmi les avocats engagés dans cette désormais affaire "Hanoune-Ennahar", elle citera entre autres Mes Mokrane Aït Larbi, Abdelmajid Sellini ou encore Boudjemaâ Guechir. Ceci, avant d'expliquer que l'objet de sa sortie médiatique est de "prendre à témoin l'opinion publique sur cette aliénation sans précédent et de mettre les décideurs devant leurs responsabilités". Pour la porte-parole du PT, cette cabale serait préparée depuis quelque temps par les "prédateurs" et que l'émission annoncée pour aujourd'hui a été "discutée lors d'une réunion secrète en présence d'un ministre" qu'elle refuse toutefois de nommer. "Je sais que c'est une émission commanditée", a-t-elle juré. Pour Hanoune, aujourd'hui, l'heure est grave : "L'oligarchie prédatrice est prête à tout faire pour préserver ses intérêts." Elle regrette que les journalistes d'Ennahar impliqués dans cette "enquête" lui servent de... "baltaguia". "C'est malheureux que des journalistes troquent leur dignité pour quelques sous", s'est-elle indignée non sans rendre hommage à la majorité des professionnels des médias qui, "heureusement, restent encore dignes et s'associent au combat de l'opposition pour sauver le pays d'une dérive certaine". Elle se dit néanmoins "pas du tout surprise" que cela vienne de cette "chaîne du Printemps arabe" qui tend son micro y compris au... "monstre Tliba". Louisa Hanoune se dit pour autant sereine, assurant que ses biens et ceux de ses frères et sœurs ne sont "jamais mal acquis", elle s'indigne, en revanche, de ce qui ce passe aujourd'hui dans ce pays "comme s'il n'y avait pas d'Etat". Pour réparer le préjudice, Mme Hanoune compte, par ailleurs, saisir et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le chef de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, ainsi que le ministre de la Justice et le président de l'Autorité de l'audiovisuel (AAV) Miloud Chorfi dont les mises en garde adressées, avant-hier, aux chaînes privées, révèle Mme Hanoune, feraient déjà suite à une correspondance qui lui a été adressée, il y a une dizaine de jours, par le PT. Louisa Hanoune menace par ailleurs de "tout déballer sur les enfants de hauts responsables" sur lesquels elle détient, a-t-elle dit, des "preuves tangibles". "Si nous avons tardé jusque-là à révéler les scandales impliquant les enfants de hauts responsables, c'est surtout par souci de préserver la stabilité du pays en cette période difficile qu'il traverse. Mais si jamais ils tentent de nuire à ma famille, je vais aussi étaler tous leurs scandales en public", a-t-elle menacé. F.A.