À la veille d'une importante réunion du Parlement reconnu de Tobrouk, pour le vote du texte de l'accord onusien, l'organisation autoproclamée Etat islamique renforce son ancrage dans le bassin pétrolier qui s'étend de Syrte à presque Benghazi et s'enfonce dans les régions sud de la Libye. La Grande-Bretagne a déployé environ un millier de soldats en Libye, en prévision d'une imminente intervention militaire étrangère qui impliquera les Etats-Unis, la France et l'Italie, a révélé, hier, le quotidien londonien Daily Mirror. Le déploiement de ces soldats a pour double-objectif de freiner l'avancée de l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI/Daech) et de préparer le terrain au débarquement de 5 000 autres soldats des pays cités précédemment, a indiqué une source militaire à ce journal. Parmi les soldats déployés figurent des membres des forces spéciales britanniques et des officiers instructeurs, a ajouté la même source, précisant que les opérations seront dirigées par l'Italie, comme l'ont déjà affirmé plusieurs médias occidentaux. Un navire de la Royal Navy est déjà présent près des côtes libyennes, d'où partiraient les avions de chasse qui mèneront des frappes ciblées contre les positions de Daech, sans compter les drones qui collectent des renseignements précieux sur le mouvement des membres de cette organisation terroriste. Aucune source officielle n'a confirmé cette information, aussi bien du côté britannique que libyen, où l'état islamique tente une percée dans le bassin pétrolifère s'étendant de Benghazi (Est) jusqu'à presque Syrte (Ouest), une ville complètement conquise par la branche libyenne de l'organisation fondée par Abu Bakr al-Baghdadi en Irak et en Syrie. Mais sa diffusion par le Daily Mirror intervient dans un contexte marqué à la fois par de sérieux blocages du processus de paix onusien et une réelle volonté de Daech à asseoir son contrôle sur les ressources pétrolières libyennes. Hier, les membres de l'Etat islamique ont annoncé sur Twitter avoir pris le contrôle de Ben Jawad, une ville côtière stratégique dans le nord de la Libye. De son côté la presse libyenne a indiqué que Daech a lancé parallèlement une opération d'envergure pour le contrôle de deux autres villes proches de Ben Jawad, en l'occurrence Al-Sadra et Ras Lanouf (Nord), tuant plusieurs soldats de l'armée loyale au gouvernement reconnu de Tobrouk. "Nous avons été attaqués ce matin par un convoi d'une dizaine de véhicules armés de l'EI" à Al-Sadra et Ras Lanouf, a déclaré un colonel des forces loyales libyennes, Bachir Boudhfira, cité par l'agence officielle Lana. La violence des combats qui se poursuivent, a même provoqué un important incendie dans l'un des réservoirs dont la capacité de stockage est estimée à 420 000 barils de pétrole, à Ras Lanouf, a rapporté Een Libya, un quotidien local, citant un responsable du site ayant requis l'anonymat. Jusque-là, en dehors de quelques frappes ciblées, majoritairement menées par les Etats-Unis et ayant abouti à l'élimination de plusieurs chefs terroristes de Daech, des vols de reconnaissance menés par les drones français, la communauté internationale a favorisé la voie diplomatique pour tenter de ramener les Libyens à former un gouvernement d'union nationale afin de pouvoir mener une lutte coordonnée et efficace avec des autorités libyennes légitimes. Lyès Menacer