Résumé : Nawel est enfin rassurée. Malia, la fille de Nabil, avait fait une crise d'appendicite, et on avait dû l'opérer immédiatement. La jeune femme se sentit en devoir de rendre visite à la jeune patiente. La journée passe, et à l'heure prévue Nabil la récupère pour la conduire à l'hôpital. Tout est bien qui finit bien, se dit-elle. À l'heure prévue, Nabil vint la récupérer. Lui aussi, il avait fait un brin de toilette. Il semblait plus frais et sentait bon l'après-rasage. L'hôpital se trouvait à quelques encablures. Nawel était un peu nerveuse à l'idée de rencontrer la fille de Nabil. Mais elle est bien plus surprise, puisqu'en dehors de Malia, elle rencontrera Nazim et même leur grand-mère. Nabil fera les présentations, et la jeune femme se sentit un peu embarrassée lorsqu'il la présente à sa mère : -Maman, je te présente Nawel. La vieille dame lui jette un regard et ébauche un sourire : -Depuis le temps où je te demande de te trouver une belle femme pour refaire ta vie, tu me vois enchantée de faire la connaissance d'une aussi jolie fille. -Nawel est journaliste. Une grande journaliste. Elle voulait prendre des nouvelles de Malia. -Oui... Comment te sens-tu Malia ?, demande Nawel en tentant de camoufler son embarras. -Beaucoup mieux qu'hier, lance la jeune fille avec un sourire ravi. -Et toi Nazim, ne veux-tu pas saluer Nawel ?, lance Nabil à son fils qui jusque-là s'était contenté de suivre la scène en silence. -Si... Bien sûr. Bonjour madame. -Madame ? Appelle-moi Nawel. Tu es un grand garçon Nazim. Elle lui tendit la main, mais Nazim recule. Nabil fronce les sourcils, mais Malia ne lui laisse pas le temps de rabrouer son frère : -Il est de mauvaise humeur. Il ne faut pas lui en vouloir. -Oui, reprend sa grand-mère, il a passé une mauvaise nuit. -Je comprends, lance Nawel. Grâce à Dieu, tout est rentré dans l'ordre. -Les enfants sont souvent difficiles à comprendre. Nous tentons pourtant de tout faire afin de les rendre heureux. -Ce n'est pas évident. Chaque génération est différente. Je n'ai pas à comparer la nôtre, mais il se trouve que nous aussi nous n'étions pas des anges, lance Nawel d'une petite voix. Elle avait ressenti au plus profond de son être l'animosité de Nazim. Le jeune homme ne l'aimait pas. Elle en était certaine. Malia demande à sa grand-mère de lui verser un verre d'eau, et cette dernière s'exécute, avant de demander à Nawel : -Vous êtes journaliste ? Vous travaillez dans un journal ? -Oui. Je travaille dans un grand journal. -C'est bien ma fille. Malia aussi rêve de devenir un jour journaliste. -Pourquoi pas ? Le journalisme est un métier très passionnant. Mais avant d'y arriver, elle a encore du chemin à faire. Hein Malia ? Il va falloir que tu bosses très dur pour décrocher tes diplômes. -Je prendrai votre conseil en considération. Je travaille assez bien à l'école, et mes profs sont contents de mon rendement. Papa aussi d'ailleurs. Nabil se racle la gorge : -Malia est très studieuse. Elle veut réussir à tout prix. -Son ambition est déjà un gage de réussite. Malia souriait toujours. Son verre d'eau à la main, elle se retourne vers sa grand-mère : -Mamie, j'aimerais inviter Nawel chez nous. -Bien sûr, j'en serais même ravie, si elle ne trouve pas d'inconvénient. N'est-ce pas Nawel ? Rougissante, Nawel jette un coup d'œil en biais à Nabil qui hoche la tête : -Il faut formuler l'invitation d'une manière plus officielle maman. -Que veux-tu dire par ta manière officielle ? Je considère déjà Nawel comme un membre de notre famille. Cependant si tu y tiens, je reformule mon invitation. Nawel, acceptez-vous de venir dîner chez nous un jour prochain ? -Avec plaisir. Si toutefois cela ne vous dérange pas. Malia battit des mains : -Bravo ! J'aurais enfin quelqu'un avec qui discuter de mon futur métier. -Et Nazim ? Tout le monde se retourne pour constater que le jeune garçon avait quitté la chambre. Nabil est confus, mais Nawel prend un air dégagé pour lancer : -Les garçons sont tous comme ça. Ils se sentent toujours en plus, lorsque les femmes discutent entre elles. La nuit était tombée lorsque Nawel reprend sa voiture pour rentrer à la maison. Sa petite visite à l'hôpital et la rencontre avec les proches de Nabil l'avaient un peu secouée. Elle avait oublié que la famille représentait un lien sacré dans les mœurs, et celle de son ami avait réveillé en elle beaucoup d'émotions. Elle se rappelle de Salima qui devait l'attendre pour le dîner. "Pauvre petite frangine, se dit-elle. Non seulement elle tente de m'aider à sortir de mon désarroi, mais elle subit aussi mes sautes d'humeur." Elle se rappelle qu'elle devait acheter deux alliances pour le futur couple, et s'en blâme d'avoir été trop distraite pour y penser dans la journée. Dès demain, elle se rendra dans une grande bijouterie pour rectifier cette omission. Salima la reçut comme si de rien n'était. Elle avait fait un brin de ménage dans la maison, et Nawel reçoit en pleines narines une bonne odeur culinaire qui parvenait de la cuisine. -Hum, cela sent bon. Dans les deux sens, je veux dire, s'empresse-t-elle d'ajouter en riant, devant le regard interrogateur de sa sœur. D'abord, on sent une odeur de cire fraîche et de désodorisant, puis on est tout de suite happé par celle plus forte de la cocotte qui bouillonne sur le feu. (À suivre) Y. H.