Résumé : Pour mettre fin aux appréhensions de sa sœur, Nawel argumente sa relation avec Nabil par le fait qu'elle allait bientôt se retrouver seule. D'ailleurs, c'est depuis sa rencontre avec ce dernier qu'elle avait repris goût à la vie. Il était grand temps pour elle de changer. Nabil vint la récupérer, et ils se rendirent dans un restaurant. Il ôte son blouson et s'assoit en face d'elle. Un vase contenant quelques roses trônait au milieu de la table. Il en prend une au hasard et la lui tend. Elle la prend et se met à la humer : -Les roses ont des parfums particuliers. Elles attirent, donnent envie de voir la vie en rose, puis se fanent et meurent. -Tout comme tout ce qui se trouve dans ce bas-monde. Nous sommes tous destinés à mourir un jour. -Je n'ai pas encore assez vécu pour penser à mourir. -Personne ne souhaite mourir. Même les plus vieux souhaitent vivre encore de longues années. Mais la loi de la nature est inébranlable. Nous assistons impuissants au départ de ceux que nous aimons. De génération en génération, nous transmettons nos gènes pour permettre à la race humaine de prospérer. Cependant, si nous gagnons en longévité, nous demeurons ces petits êtres qui doivent céder leur place aux autres, et la chaîne continuera jusqu'à la fin des temps. Nawel écoutait attentivement son ami. Lorsqu'il s'arrête, elle lui prend la main et y dépose la rose : -Tu es un grand philosophe Nabil. On ne rencontre pas tous les jours un homme tel que toi. Tu sais donner un sens à toutes tes expressions. -Tu parles comme une journaliste, lance-t-il avec un regard narquois, avant de poursuivre : Une journaliste que je connais et qui se nomme Kamélia Rostom. Nawel fait la moue : -Qui est encore cette intruse ? -Une vieille amie. Une amie qui me tient toujours en haleine lorsque j'ouvre mon journal. -Est-ce une rivale ? -Oui, une rivale de grande envergure. Elle est si captivante que souvent j'oublie que tu es là. -Alors il ne me reste plus qu'à te quitter pour lui céder la place. Elle fait mine de se lever, mais il la retient : -Rassois-toi donc. Il jette un regard alentour et remarque que des couples dînaient tranquillement autour d'eux. -Nous ne sommes pas seuls ici. Elle rit : -Cela t'embêterait si je me mettais à chanter à tue-tête ? -Vas-y donc ! J'aimerais bien te voir passer à l'action. -Eh bien ne me pousse pas à bout, car je risque effectivement de passer à l'action. -Si cela peut te procurer un quelconque soulagement, je n'y vois aucun inconvénient. Elle rit encore : -Tu es un véritable Don Juan. Un homme galant et très prévenant. -Peut-être que je suis aussi un homme esseulé qui cherche de la compagnie. -Mais tu as déjà Kamélia Rostom. Que fais-tu donc de cette femme qui te subjugue tant ? -Je l'admire. Mais elle demeure insaisissable. Par contre, toi, tu es là. Pourquoi me bercer de chimères ? Nawel affiche une moue moqueuse : -Alors tu me préfères à Kamélia Rostom ? -Bien sûr. Mais tout compte fait, vous vous valez toutes les deux. Puis il prend un air sérieux pour demander : -Es-tu capable de me narrer la suite de ton récit ce soir ? (À suivre) Y. H.