Résumé : Nabil demande à Nawel si elle connaissait l'histoire du café. Cette dernière se rappelle alors d'un article qu'elle avait rédigé sur ce sujet voici des années. Elle tente de se remémorer quelques bribes et raconte à Nabil ce qu'elle savait sur cette boisson si appréciée dans le monde. Subjugué par le récit, l'homme lui demande ce qu'elle faisait dans la vie. Tu as une piètre opinion de toi Nawel. Pourquoi tu te sous-estimes tant ? -Je t'assure que je ne suis rien qu'une simple chroniqueuse. À mes débuts dans la presse, j'effectuais des reportages, j'assistais à des conférences, j'interviewais des célébrités. C'est ça le journalisme ! Un métier que j'ai aimé et qui me passionnait. Puis, j'ai tout abandonné pour me lancer dans l'écriture des feuilletons. -Tu ne pouvais pas faire les deux choses en même temps ? -Si. Mais je ne me rendais plus à la rédaction. Je travaillais chez moi. -Excuse-moi, je vais peut-être te paraître indiscret, mais pourquoi avais-tu décidé de travailler chez toi et de quitter ton boulot à la rédaction ? Elle soupire. -C'est une longue histoire. J'étais malade. Je me sens mieux maintenant. Il garde le silence un moment avant de demander : -Tu signes sous quel nom, Nawel ? -Hein ? Tu veux découvrir mon pseudonyme ? -Pourquoi pas ? Tu dois avoir un tas de lecteurs qui rêvent de te rencontrer. Moi je te rencontre, mais je ne connais même pas ta signature. Le paradoxe dans tout ça, c'est que je lis quotidiennement plusieurs journaux. Elle rit. -Eh bien, devine qui je suis ! -Je ne suis pas très fort dans le jeu des devinettes. Je donne ma langue au chat. Elle regarde dans tous les sens et se met à rire. -Il n'y a pas de chat en vue, et ton chien non plus n'est pas là. -Allons, Nawel... Elle s'arrête de rire et lance d'une petite voix : -Je signe sous le pseudonyme de Kamelia Rostom (nom improvisé). Il sursaute : -Tu plaisantes ? -Je n'en ai pas du tout envie. Il secoue la tête : -Kamelia Rostom (il passe la main sur son visage). Je dois sûrement rêver. Je discute avec Kamelia Rostom ! Je connais la femme qui se cache derrière ce nom depuis plusieurs semaines et je ne savais pas que c'est elle qui écrit en ce moment Destin de femme, ce feuilleton qui est en train de faire sensation dans le journal et sur internet. Nawel lève la main, suppliante : -Arrête de fabuler Nabil. Je ne suis pas aussi sensationnelle que tu le penses. Le feuilleton qui passe en ce moment n'est pas différent des autres. -Je le conçois, puisque tout ce que tu écris accroche. Tu dois avoir un tas d'admirateurs. Le succès de ton travail n'est plus à démontrer. Tu es un écrivain accompli. -Non, je ne suis rien du tout. Je ne suis qu'une névrosée qui vient d'essuyer une dépression et qui cherche refuge dans l'écriture pour oublier les maux de son âme. Un silence suit ses paroles. Nabil est ému. Il voulut dire quelques mots mais s'abstint, et Nawel se mit à jouer avec des grains de sable qu'elle déposait dans le creux d'une main puis les reversait dans l'autre. On était déjà au milieu de la journée. Quelques couples rappelèrent leurs enfants pour le déjeuner, et des pêcheurs amateurs remontèrent de la mer en laissant leurs cannes à pêche coincées entre les rochers. Qui sait ? Peut-être qu'un poisson mordra à l'hameçon. Nabil rompt le silence : -Allons déjeuner, Nawel. Elle relève les yeux vers lui et il rencontre son regard plein d'amertume : -Je n'ai pas faim. Va déjeuner si tu veux. -Je n'irai pas seul. -Eh bien, tu vas devoir jeûner, car moi je n'ai pas l'intention de quitter les lieux. -Très bien. Je vais y aller de ce pas. (À suivre) Y. H.