Au-delà du contexte gazier international qui charrie de nombreux défis, l'Algérie se voit confrontée à un défi interne qui risque de compliquer la situation. Il s'agit de la progression de sa consommation interne d'énergie. Il a été ainsi constaté une hausse constante de la demande interne en énergie, notamment le gaz naturel dont une grande partie est destinée à faire tourner les centrales électriques du pays, générant un impact direct sur les capacités d'exportation de cette énergie. Selon les statistiques, la production algérienne d'électricité tourne actuellement autour de 17 000 mégawatts (MW) pour une demande de 8500 MW qui enregistre une croissance annuelle moyenne de plus de 5%. Ce volume de production a nécessité la mobilisation de quantités supplémentaires de gaz naturel initialement destiné à l'exportation, réduisant ainsi les capacités exportatrices de l'Algérie qui ont baissé de 10 milliards de m3 (64 milliards de mètres cubes en 2005) pour s'établir autour de 54 milliards de m3 en 2012, dont une grande partie (quelque 30 mds m3) est destinée au marché européen. Parallèlement, la consommation interne en gaz naturel s'est élevée à 33,7 milliards de m3 en 2014 contre 30 mds m3 en 2013. De même, la consommation globale d'énergie primaire a augmenté de 8,4%, passant à 52 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) en 2014 contre 48 millions de tep en 2013. L'accélération de la croissance de la demande interne en produits énergétiques est en passe de poser de réels problèmes à la gestion du secteur. La consommation interne impose non seulement de nouveaux défis aux entreprises de production qui concèdent de gros investissements pour couvrir des besoins sans cesse croissants, mais elle grève les volumes d'hydrocarbures exportables. Le discours en vigueur insiste sur l'explosion de la consommation interne, qui devrait doubler tous les cinq ans, ce qui impose la priorité à la prospection pour trouver des gisements nouveaux en vue de satisfaire ces nouveaux besoins tout en maintenant un niveau élevé d'exportation. Mais là, il faudrait savoir quelle est la marge de manœuvre dont dispose notre pays pour la réalisation de cette priorité en ce contexte de crise. S. S.