L'organisme français estime que la nouvelle équipe gouvernementale sera recentrée autour de personnalités proches du cercle présidentiel. La Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur (Coface) a dévoilé, hier, son nouveau "Panorama Risque Pays". L'organisme français d'assurance-crédit a dégradé la note risque pays de l'Algérie de A4 à B. La Coface estime, ainsi, que les incertitudes au plan économique et financier et un environnement des affaires parfois difficile sont susceptibles d'affecter des comportements de paiement. La probabilité moyenne de défaut des entreprises est assez élevée. Dans son appréciation du risque, l'organisme français d'assurance-crédit prévoit un ralentissement de la croissance en raison de la faiblesse du prix des hydrocarbures. L'assureur-crédit français table sur un taux de croissance de 2,8% pour l'année en cours. "Le faible prix des hydrocarbures continuerait à peser sur l'activité algérienne en 2016. L'Algérie reste très dépendante du secteur de l'énergie qui assure 30% de son PIB. Les difficultés rencontrées par le secteur en raison du manque de compétitivité et de l'obsolescence du capital productif laissent à penser que si la conjoncture du marché pétrolier se maintenait, ce dernier continuerait d'observer des performances négatives en 2016", prévoit la Coface, indiquant que l'Etat "devrait poursuivre son appui à l'activité bien que ses marges de manœuvre budgétaires soient de plus en plus limitées". Pour la Coface, "la demande des ménages demeurerait l'un des moteurs de l'activité en 2016". Le pouvoir d'achat des ménages pourrait cependant être contraint par la hausse du niveau général des prix et dans une moindre mesure par la mise en place de nouvelles règles fiscales liées à la consommation d'énergie. Dans ce contexte, la croissance hors hydrocarbures montrerait en 2016 des signes de diminution. Les secteurs manufacturiers qui ont observé un ralentissement en 2015 en particulier dans les ISMMEE (industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques électriques et électroniques) et les matériaux de construction pourraient voir leur activité se décélérer davantage en 2016. L'inflation a significativement augmenté en 2015 et devrait se maintenir à un niveau similaire en 2016. Les effets de la baisse des prix des matières premières à l'échelle mondiale ont été annulés par la dépréciation de près de 20% du dinar algérien par rapport au dollar depuis le début de l'année 2015. "La Banque centrale algérienne devrait laisser le dinar se déprécier par rapport au dollar en 2016. Ce parti pris, bien qu'il génère de l'inflation importée, permet d'absorber les effets d'un faible prix du baril de pétrole sur les recettes pétrolières libellées en dollars", indique la Coface. Le déficit public s'est aggravé en 2015 du fait de la contraction des recettes pétrolières et du maintien des dépenses publiques à un niveau élevé (40% du PIB). La Coface a évoqué les ajustements budgétaires entérinés cette année, notamment l'augmentation de la taxe sur les produits pétroliers et la hausse de la TVA sur le gasoil. De même, le budget alloué à certains ministères a été revu à la baisse, les plus affectés étant ceux du Tourisme et de l'Agriculture. "En dépit de ces mesures, les comptes publics enregistreraient un déficit budgétaire conséquent qui serait en partie financé par des transferts issus du fonds de régulation. Les importantes réserves de change et le faible endettement public ont permis aux autorités de faire face au choc induit par la baisse du prix des hydrocarbures en 2014 et 2015", souligne la Coface. Cependant, ajoute-t-elle, la fonte des réserves de change et la diminution de moitié du fonds de régulation en 2015 limiteraient les perspectives de financement en 2016 et conduiraient à une augmentation de la dette publique estimée à 30%. Les comptes extérieurs continueraient de souffrir de la baisse des recettes d'exportation en 2016. Le déficit du compte courant devrait toutefois se résorber quelque peu suite à une baisse des importations. Cette dernière serait imputable au ralentissement de l'activité en 2016 et à l'entrée en vigueur de la loi sur les licences d'importation à partir de janvier 2016. La Coface estime que "le remaniement ministériel d'envergure auquel a procédé le président Bouteflika en mai 2015, soit le premier depuis 2011, témoigne de la difficulté de la situation algérienne face à la crise économique qui pourrait se profiler". L'organisme français d'assurance-crédit indique que "de nouveaux changements dans l'équipe dirigeante devraient être opérés en 2016 avec un recentrage autour de personnalités proches du cercle présidentiel". Meziane Rabhi