Le 1er mars 2015, T. Abderrazak, mécanicien de 30 ans, est déclaré mort par les urgences du dispensaire de Mers El-Kebir en raison d'un coup mortel reçu à la gorge. Mardi dernier, la cour criminelle d'Oran a condamné B. Khaled à 15 ans de réclusion criminelle pour meurtre avec préméditation et son frère cadet, Imad, à 10 ans de prison pour complicité de meurtre. Avec cette condamnation s'est achevée une affaire qui avait tenu en haleine les habitants de la petite ville balnéaire de Mers El-Kebir depuis le printemps 2015. C'est, en effet, le 1er mars de cette année-là que T. Abderrazak, mécanicien de 30 ans, est déclaré mort par les urgences du dispensaire de Mers El-Kebir en raison d'un coup mortel qui lui avait été porté à la gorge. Alertés, les éléments de la police se rendent sur les lieux pour constater le décès et trouvent B. Mohamed Imad qui avait évacué le blessé à l'établissement sanitaire. Interrogé, celui-ci, un pêcheur de 23 ans, explique que la victime a été blessée au cours d'une dispute avec son frère Khaled et qu'il l'avait immédiatement évacuée au dispensaire : "Je n'ai pas tout vu. En voulant les séparer, j'ai reçu un jet de gaz lacrymogène qui m'a aveuglé et lorsque j'ai pu ouvrir les yeux, Abderrazak perdait beaucoup de sang et je l'ai rapidement conduit ici." Aussitôt, des policiers se rendent au lieu du crime (un petit local qui servait de logis et d'atelier de mécanique à la victime) et tombent en cours de route sur B. Khaled, ivre et les vêtements maculés de sang. Interrogé à son tour sur les circonstances du drame, Khaled, transporteur clandestin âgé de 28 ans, explique qu'il s'agissait d'un jeu qui a tourné au drame : "Abderrazak est un ami d'enfance. Nous avons bu et avons commencé à nous chamailler gentiment, à nous traiter de tous les noms. Tout a dérapé lorsqu'il m'a aspergé de gaz lacrymogène, je n'y voyais rien, j'ai pris un couteau sur la cuisinière et je l'ai frappé. J'étais saoul et sous l'effet de la drogue, je ne savais plus ce que je faisais. Des voisins ont accouru lorsqu'ils ont entendu les cris, et mon frère qui se trouvait dans la voiture de Abderrazak l'a évacué à l'hôpital. Je n'ai jamais eu l'intention de le tuer !" À la barre, Khaled maintiendra cette version en niant avoir prémédité le meurtre de son ami d'enfance. De même que son frère Imad qui clame que son tort est d'avoir tenté de secourir Abderrazak. La partie civile, représentée par le père de la victime, T. Baghdad, ne l'entend pourtant pas de cette oreille. Pour lui, il ne fait aucun doute que les frères ont prémédité de tuer son fils : "Un litige concernant la voiture de Khaled les opposait, et quelques jours avant le meurtre, Imad m'a interpellé en m'enjoignant de dire à mon fils de réparer la voiture de son frère où il aurait affaire à eux." Le ministère public emboîte le pas à la partie civile et requiert 20 ans de réclusion contre Khaled pour meurtre avec préméditation, et 15 ans contre Imad pour complicité de meurtre. "Tous les éléments du dossier montrent que les deux frères ont conspiré pour tuer Abderrazak. Leurs déclarations sont contradictoires et, de surcroît, l'arme du crime a disparu. Ils ont tout prémédité, c'est évident", a-t-il expliqué en substance. Ce que la défense est loin de partager. Si l'avocat reconnaît que l'accusation de meurtre est effectivement fondée, il ne veut pas entendre parler de préméditation : "Rien n'est moins évident. C'est la victime qui a demandé à Khaled de la retrouver pour une soirée arrosée, c'est elle qui conduisait la voiture avec laquelle ils sont allés à Oran acheter de l'alcool, et c'est encore elle qui, après avoir laissé Khaled dans sa maison, est allée chercher Imad. Comment peut-on parler de préméditation ? C'est une beuverie qui a mal tourné", déclare-t-il en demandant au tribunal de ne pas tenir compte de l'accusation de préméditation. Plus offensif concernant son second client Imad, il réclame l'acquittement pur et simple. S. Ould Ali