L'étau se resserre autour des acteurs politiques libyens, dont certains sont désormais menacés de sanctions ciblées par la communauté internationale, qui a fait part de son "impatience" face aux blocages que connaît le processus de paix onusien en Libye. Les dirigeants de l'Union européenne brandissent la menace de sanctions contre deux figures des autorités parallèles de Tripoli pour entraves au processus onusien. Bruxelles pourrait placer sur la liste noire, Nouri Abou Sahmein, président du Congrès général national (CGN, Parlement), et Khalifa al-Ghweil, chef du gouvernement de Tripoli. Dirigées par Fajr Libya, une coalition de milices islamistes, ces deux instances ne sont pas reconnues par la communauté internationale. Leurs dirigeants sont farouchement opposés au texte de l'Accord de Skhirat (Maroc), conclu le 17 décembre dernier, et ne reconnaissent pas également le gouvernement d'union nationale qui vient d'être mis en place par le président du Conseil présidentiel, l'homme d'affaires tripolitain Faïz Serradj. Le gouvernement d'union est composé de 32 ministres, un effectif jugé pléthorique par l'autre gouvernement, reconnu par la communauté internationale, exilé à Tobrouk. Les experts des 28 Etats de l'Union européenne prendront leur décision, lundi, à l'encontre des deux responsables de Tripoli. Les dirigeants de Tobrouk risquent de subir le même sort, s'ils continuent à s'opposer à la mise en œuvre du processus de paix. L'apparition en Libye de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech) explique, entre autres, l'empressement de l'ONU à faire avancer les lignes en Libye, espérant que Tripoli et Tobrouk ne s'opposeront pas au nouveau gouvernement d'union que Faïz Serradj proposera dans moins de dix jours. Les éventuelles sanctions ciblées brandies par l'UE pourraient faire basculer les positions des acteurs politiques libyens, même si les dirigeants de Tripoli s'entêtent à réclamer l'éviction du controversé général Khalifa Haftar, le commandant de l'opération al-Karama (la dignité) dans l'Est libyen. L'opération est dirigée contre les islamistes d'Ansar al-Charia, la branche locale d'Al-Qaïda, et depuis quelques mois, contre Daech qui tente de prendre le contrôle de Benghazi. Les dirigeants libyens céderont-ils aux pressions internationales et accepteront-ils le gouvernement d'union, avec ses insuffisances, ou continueront-ils à ignorer les demandes de l'ONU, de l'UE, de l'Union africaine et des pays voisins, dont l'Algérie, au risque de laisser le pays à la merci de Daech ? En suspendant la liaison aérienne entre Alger et Tripoli, l'Algérie participe-t-elle de la même logique que les pressions internationales sur les Libyens ? Tout porte à le croire, dans un contexte sécuritaire qui peut conduire à une intervention militaire étrangère en Libye, que certains experts et médias jugent imminente. L. M.