Le directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) est revenu dans son intervention sur la genèse de ses fouilles entamées en 1983, dans la séculaire grotte d'Afalou, sise au piémont du massif des Babors, dans la commune côtière de Melbou. Invité par l'Association pour la sauvegarde du patrimoine culturel de la ville de Béjaïa, le Pr Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), est longuement revenu, ce samedi, sur la genèse de ses fouilles entamées en 1983, dans la séculaire grotte d'Afalou, sise au piémont du massif des Babors, dans la commune côtière de Melbou. Des fouilles qui, faut-il le souligner, l'ont amené à découvrir un gisement archéologique plusieurs fois millénaire, enfoui dans les méandres de ces galeries souterraines. "Cette grotte est une véritable nécropole durant plusieurs siècles. On y a découvert les restes de pas moins de 70 individus, des petites statuettes en terre cuite, des parures en coquilles d'œufs d'autruche et de nombreuses traces d'ocre... qui datent, d'au moins, d'une quinzaine de millénaires", expliquera cet éminent chercheur en archéologie et anthropologie, au cours d'une conférence-débat organisée à la salle de la bibliothèque Ibn Khaldoun de la Casbah de Béjaïa. Sur sa lancée, M. Hachi a tenu à préciser que "les figurines découvertes dans ces cavernes, notamment des représentations sous forme de quadrupèdes, sont considérées comme les plus anciennes statuettes de l'Afrique et parmi les plus vieilles au monde". Pour lui, au-delà de la valeur inestimable de ce patrimoine témoignant de la civilisation Ibéro-maurusienne, on en décèle la préoccupation artistique des populations de l'époque qui, grâce à leur sens de l'observation, avaient pu s'initier à l'art décoratif, en réussissant à transformer l'argile en objets de valeur. Ces populations, a-t-il ajouté, vivaient essentiellement de la pêche et la chasse du gibier, notamment le lièvre et le mouflon à manchettes. Et le choix des monts des Babors pour se sédentariser n'est pas fortuit. Car, aux yeux de l'orateur, cette région recèle d'énormes atouts stratégiques et de richesses naturelles, ce qui est appelé une "unité biogéographique homogène". Selon l'hôte de la capitale des Hammadites, quand la mémoire est en œuvre à travers la création d'un lieu sacré, on se sédentarise. Dans ce cas précis, on a fini par sacraliser la nécropole localisée dans la grotte d'Afalou. Dès lors que de nombreuses sépultures y sont mises en place. "Le premier individu à avoir été enterré dans cet endroit devait être un personnage extraordinaire. On l'inhumait dans un tombeau bien construit, avec ses objets de valeur, telles que sa tenue vestimentaire, ses parures, son glaive... car sa dépouille devait sacraliser les lieux", affirmera le conférencier. Par ailleurs, le directeur du CNRPAH rappellera à l'assistance que la toute première découverte de la grotte d'Afalou remonte à 1927, alors que les premières études et explorations avaient eu lieu au début des années 1930. Il est à noter que le célèbre paléontologue français, Camille Arambourg, fut le premier chercheur à publier, en 1934, le premier ouvrage sur ce site archéologique, intitulé "Les grottes paléolithiques des Béni-Segoual". Du côté Algérie, ce n'est qu'en 1983, que M. Hachi avait été chargé d'effectuer une étude sur la grotte d'Afalou, alors qu'elle était menacée par le tracé initial de la RN43 reliant Béjaïa à Jijel. Et c'était grâce au concours de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Béjaïa de l'époque que les fouilles avaient pu démarrer une année après, soit en 1984, a témoigné M. Hachi. KAMAL OUHNIA