Résumé : Sami et Djamila imaginent toutes sortes de scénarios, que Da Akli a été agressé par des voyous ou qu'il a été renversé par un véhicule. Ils font le tour des hôpitaux et même des morgues. Sachant qu'il ne lui est rien arrivé, ils s'interrogent sur les raisons de son départ... -Avec qui parlais-tu au téléphone le soir où je t'avais rejoint au salon ? -Avec Mouloud... On parlait de lui, au cas où il songerait à refaire sa vie, c'est-à-dire à se remarier, explique Sami. Ne me dis pas qu'il a entendu la conversation ? -Je crois que oui, répond Djamila avec certitude. Ce soir-là, j'en doutais... Mais j'en suis sûre maintenant... Son comportement a commencé à changer dès le lendemain... Il devait être peiné le pauvre... Qui sait où il a pu aller ? Ce qu'il doit vivre seul, avec personne à qui se confier ? A-t-il au moins un peu d'argent sur son compte ? -Oui... On peut aller à la banque savoir s'il en a retiré ! On aurait dû y penser plus tôt... Sami et ses frères ont une surprise des plus décevantes. Da Akli a tout retiré, plus de 20 millions de dinars. Quant à son compte en devises, il l'avait tout simplement bloqué. Personne ne pouvait en retirer, à part lui bien sûr ! -Qu'est-ce qu'il va faire avec cet argent ? Tu ne penses tout de même pas qu'il va se remarier ? Ou qu'il a quelqu'un qui profite de lui ? -C'est fort possible... Les fils de Da Akli s'inquiètent pour rien. Pour l'instant, il n'a aucune femme dans sa vie et personne ne profite de lui. Il s'était fait de nouveaux amis, des jeunes et des vieux de son âge qui fréquentaient le restaurant de l'hôtel. Les premiers jours de sa fugue, il ne sort pas de l'hôtel. Quand il n'en peut plus de la solitude, il descend rejoindre les autres. Le temps d'une heure ou deux, il oublie sa situation et la peine qui l'habite. La colère est tombée dès son passage à la banque. Il avait pris l'argent mis de côté. Il ne savait pas encore quoi en faire, à part l'idée qui l'effleurait souvent de se remarier. Cet argent pourrait suffire à payer des bijoux, une femme... -Mon vieux... Tu devras dîner dehors ce soir, lui dit le réceptionniste. Le restaurant est fermé pour le week-end... Il y a une fuite de gaz à la cuisine... Le temps que le plombier vienne réparer, les clients devront se restaurer ailleurs... Le temps du week-end seulement... Les épaules de Da Akli s'affaissent alors qu'il se tourne vers la sortie. Il n'a aucune envie de chercher un restaurant ou une gargote, mais comme il a faim, il est contraint à sortir. Da Akli a mis un grand manteau, si pratique pour les sorties de dernière minute. Il avait pris l'habitude de le porter sur sa gandoura. Ce sera la première fois qu'il dînera dehors, vraiment dehors. À l'hôtel, il pouvait rester dans la tenue qu'il voulait. En partant de chez son fils, il n'avait pas pris grand-chose avec lui. Il le regrettait. Comme il est seulement 18h, il se permet de flâner dans les rues, s'arrêtant devant chaque boutique se trouvant sur son chemin. Da Akli a envie de s'offrir des vêtements même s'il a dans les placards, chez ses fils, de quoi s'habiller pour le restant de ses jours. -Da Akli entre dans une boutique de prêt-à-porter où certains costumes mis en valeur sur des mannequins lui plaisent. Le propriétaire de la boutique s'occupe personnellement de lui. Le choix de Da Akli se porte sur un costume gris. Il troque avec plaisir sa gandoura contre ce dernier. Il s'offre des mocassins. Une fois très à l'aise dans cette tenue qui le rajeunissait, il entre dans un salon de coiffure pour homme. Quand le coiffeur en a terminé avec lui, il sourit. Son reflet lui plaît beaucoup. Un nouvel homme était né ce soir. Il ne peut s'empêcher de songer à ses fils qui devaient se ronger les sangs à son sujet. Mais il les chasse vite de son esprit. Sa promenade et ses achats lui avaient ouvert l'appétit. Da Akli entre dans un restaurant très chic. Ils sont nombreux à se retourner à son passage. Mais Da Akli n'a d'yeux que pour une femme. Elle est assise seule, à une table à deux couverts. Elle semble n'attendre que lui... (À suivre) A. K.