Résumé : Da Akli veuf, depuis dix ans, est chez son fils depuis un mois. Il a l'impression que son fils et sa belle-fille abusent de lui, lui confiant certaines tâches si fréquemment qu'elles lui paraissent des travaux forcés. Il s'en passerait volontiers... Djamila grimace un sourire en découvrant son beau-père. Son amie et voisine pince les lèvres en voyant qu'il était mécontent. Elle se retire à la cuisine, vite rejointe par Djamila. Da Akli qui n'a encore rien dit, va au salon et en ressort à reculons. Il y a d'autres femmes au salon, d'un âge respectable. Il s'en va trouver sa belle-fille pour savoir ce qui se passe, pourquoi elles sont toutes venues ici. -Il y a longtemps que nous ne sommes pas vues, dit Djamila. Alors, elles sont venues aux nouvelles... Je pensais que tu ne rentrerais pas tôt... Qu'elles seraient parties avant que tu ne sois revenu... -Elles ont pris le café ? demande Da Akli. -Pas encore... -Je ressors... Vous serez plus à l'aise entre vous, dit-il en se dirigeant vers la porte. Viens fermer ! -Si tu as envie de te reposer, tu n'as qu'à aller dans la chambre des garçons, propose Djamila. Elles ne tarderont pas... -Tu en es sûre ? -Oui... Da Akli profite de cette réponse pour aller dans la chambre de ses petits-fils. Il se met à l'aise et s'allonge sur un des lits. La porte entrebâillée laisse parvenir jusqu'à ses oreilles, les bribes d'une conversation, dont il est le sujet. Les visiteuses sont très curieuses. Elles veulent tout savoir sur lui, s'il a une quelconque maladie, s'il suit un régime, s'il est facile à vivre, s'il est là pour longtemps... -Les questions n'en finissent pas. L'une d'elles le fait redresser. -Pourquoi ne s'est-il pas remarié ? Cela fait longtemps depuis qu'il est veuf, se rappelle l'une des femmes. Il n'a jamais envie d'avoir de la compagnie ? -Il rend visite à tous ces fils, répond Djamila. Parfois pour une semaine, parfois pour un mois ou plus... D'après mon constat, il s'attarde toujours ici, plus qu'ailleurs... Je pense que mon beau-père est plus gâté ici qu'ailleurs... "Pense ce que tu veux ma fille, mais je ne me plais nulle part, songe Da Akli en son for intérieur. Depuis la mort de Zohra, je suis sur les chemins allant et venant d'une maison à une autre... Je ne suis chez moi nulle part..." -Personne ne lui a parlé de se remarier ? demande l'amie de Djamila. Quel âge a-t-il ? -75 ans... -D'après ce que j'ai vu, il est encore solide, fait remarquer la même femme toujours. S'il se remariait, il n'aurait aucun problème à honorer sa femme... Quel gâchis ! Il est encore bel homme... Djamila, pourquoi ne dirais-tu pas à ton mari de lui en parler ? Pourquoi le priver des joies de la vie puisqu'il n'est pas sur son lit de mort ? -S'il avait lui-même songé à se remarier, il n'aurait pas hésité à en parler à ses enfants, répond sa belle-fille. Il n'est pas né de la dernière pluie... Il est très malin... Il aurait trouvé un moyen pour aborder le sujet... -Je ne vois pas comment... Personne ne lui en a parlé avant... Il doit ressentir une certaine pudeur, insiste la femme comme si elle le connaissait. Il est d'une autre génération, avec d'autres traditions, un mode de vie différent... Le pauvre, je le plains ! Il me fait de la peine ! -Je crois que vous deux, vous vous entendrez à merveille ! rétorque Djamila avant de proposer très sérieusement. Si tu veux, je m'arrange pour te présenter et te laisser du temps pour faire mieux connaissance avec lui ? Qu'est-ce que tu penses de mon idée ? Elle n'est pas géniale ? Da Akli s'approche à pas de loup, les sourcils froncés. La discussion du salon entre sa belle- fille et ses invitées l'a accroché depuis le début. Surtout maintenant... Da Akli fait la moue. La femme tarde à répondre. Pour lui, c'est mauvais signe... (À suivre) A. K.