Résumé : Da Akli découvre la maison pleine de femmes. Sur l'insistance de sa belle-fille, il reste faire la sieste dans la chambre des garçons. La discussion qu'elles ont l'accroche. Tout est question de lui. -Me le présenter ? Mais Djamila, je n'ai même pas quarante ans ! s'écrie son amie. Je ne me proposais pas ma chère. Je voulais seulement attirer ton attention sur le fait que vous le privez des joies de la vie ! Il est encore bien portant et je suis sûre qu'il a de longues années devant lui ! -Tu peux très bien sympathiser avec lui, sans arrière-pensées, insiste Djamila. Je suis sûre que tu t'entendrais bien avec lui. Da Akli est bien déçu d'entendre la femme refuser. D'ailleurs, elle ne tarde pas à partir, vite imitée par les autres invitées. Sachant Djamila seule et connaissant certaines de ses habitudes, il va vite se remettre au lit et tourne le dos à la porte. Il s'est à peine couvert que Djamila pousse la porte et l'appelle doucement, pour vérifier qu'il dort. Da Akli ne répond pas et ne bouge pas. Il attend d'entendre la porte se fermer pour se mettre à l'aise. La discussion qu'il vient d'entendre à son sujet le laisse pensif. Il est reconnaissant à la jeune femme d'avoir soulevé un point des plus sensibles sur sa situation. Jamais il n'avait pu se confier à quelqu'un depuis la mort de sa femme. S'il avait pu le faire, tous auraient su qu'il était las de partir d'une maison à une autre, uniquement pour que sa présence ne devienne pas un fardeau pour eux, qu'il ne supportait plus d'être seul. Cela faisait dix ans qu'il était veuf. Il était en bonne santé et sa pension en devises suffirait à les faire vivre. Depuis dix ans, ses fils en avaient tous profité, l'un pour s'acheter une maison, les autres pour d'autres projets. Il faut préciser qu'il leur a tous offert des voitures. Aucun d'eux n'est dans le besoin. Même s'ils continuaient tous à en profiter, sans jamais songer à lui, à son avenir. C'est vrai qu'il était vieux, mais il avait encore quelques années à vivre. Pourquoi resterait-il seul ? Le vieil homme se demande s'il doit aborder la question lui-même ou attendre que Djamila en parle à son fils. Cela, si elle le fait. Da Akli en doute fort, et il en a la certitude les jours à venir. Son fils Sami lui parle de tout sauf de remariage. Le vieil homme s'est mis à écouter à leur porte, et son fils et sa belle-fille parlent de tout sauf de lui trouver une femme. Un soir, il surprend une conversation qui lui en dira long sur leurs intentions. Sami était au téléphone. Da Akli a vite deviné que son interlocuteur était un de ses fils, Mouloud. Djamila lui avait sûrement rapporté la discussion qu'elle avait eu avec ses amies. Sami n'était pas d'accord. -Tu imagines ! Si une femme réussit à lui faire tourner la tête, on ne verra plus un sou ! Elle voudra tout pour elle seule ! Elle ne voudra pas de nous ! Il lui faudra une maison, une voiture, les meubles. Toutes les économies de Da Akli y passeront. Pour éviter qu'il ne songe à se remarier, il faut s'arranger pour qu'il soit à l'aise partout où il ira. Il n'y a qu'ainsi qu'il n'en aura pas envie ! Da Akli regrette d'avoir vendu la maison qu'il possédait au bled. Il n'aurait jamais dû écouter ses fils. Maintenant, même peiné et leur en voulant terriblement, il n'avait plus où aller. Certes, il lui restait de la famille au bled. Mais il ne voulait pas donner l'occasion aux autres de jaser sur eux, sur lui ! C'est ce qui le pousse à aller à l'hôtel. Il vient de prendre une décision. Tout allait changer. Tout redeviendra comme avant, du temps où il ne consultait personne avant d'agir. Il allait prendre son avenir en main. Sans ses enfants. Pour les punir, il décide de ne pas les contacter les jours à venir, se réjouissant d'avance à l'idée de les tourmenter. (À suivre) A. K.