Le candidat à la primaire de la droite et du centre en France s'est refusé à tout commentaire concernant les déclarations de son rival, Nicolas Sarkozy, et s'est contenté de dire sur un ton ironique : "J'ai pour principe de ne pas critiquer mes petits camarades dans le parti." L'ancien Premier ministre français Alain Juppé, actuellement maire de Bordeaux, a estimé que les relations franco-algériennes "sont bonnes, excellentes", lors de la conférence de presse qu'il a tenue hier avant son retour en France, au terme d'une visite de trois jours en Algérie. Le candidat aux primaires de la droite et du centre a déclaré que "l'Algérie est un pays ouvert aux investissements étrangers et pas uniquement pour la France". Actuellement, il y a plus de 500 entreprises françaises qui activent en Algérie, a-t-il précisé. Dans un contexte de crise économique en France, marqué par une croissance "bien peu satisfaisante, nos entreprises ont besoin de se développer à l'international", a-t-il insisté, ajoutant qu'"il y a beaucoup d'opportunités d'investissement en Algérie", en dehors du traditionnel secteur des hydrocarbures, dont les prix ne cessent de péricliter depuis quelques mois sur le marché mondial. Interrogé sur le contentieux historique de la colonisation française de l'Algérie, le maire de Bordeaux, dont la ville est jumelée avec Oran depuis dix ans, a répondu : "Je ne suis pas venu pour parler du passé (...) pour ressasser ce qui s'est passé, mais plutôt pour envisager l'avenir entre nos deux pays, parce que nos destins sont liés, plus que jamais." Cela dit, a rappelé Alain Juppé, "on ne va, évidemment, pas oublier le passé et cette histoire commune" qui a de tout temps constitué un des contentieux dans les relations algéro-françaises et qui fait souvent l'objet d'échanges passionnés des deux côtés de la Méditerranée. L'ancien Premier ministre sous Jacques Chirac s'est refusé à tout commentaire concernant les déclarations de son rival aux primaires, Nicolas Sarkozy. Alain Juppé s'est contenté de dire que "ces déclarations sont des déclarations de Nicolas Sarkozy", avant d'ajouter sur un ton ironique : "J'ai pour principe de ne pas critiquer mes petits camarades dans le parti." Questionné sur la présumée stigmatisation des Français d'origine maghrébine et musulmane, souvent désignés sous l'appellation des "beurs", Alain Juppé a expliqué que ces derniers "ne sont pas systématiquement stigmatisés. Il y a de belles réussites dans ces quartiers dits sensibles. Je pense qu'il faut sortir des clichés, de cette mauvaise image des Français de nos compatriotes d'origine maghrébine que certains mouvements politiques entretiennent". Pour lui, que les sondages en France donnent favori, "il y a, aujourd'hui, un islam moderne en France. Un islam compatible avec les principes de la République". La preuve en est "la réaction des musulmans de France, à la suite des derniers attentats qui ont touché note pays, en novembre dernier", a-t-il expliqué. Abordant la question de la politique étrangère de la France, notamment avec le monde arabe, Alain Juppé a affirmé que son pays "se détermine en fonction de ses propres choix" et de ses intérêts, bien qu'il ait réintégré l'Otan dont l'intervention en Libye a provoqué l'anarchie et le chaos. "Je crois que notre politique étrangère est équilibrée avec nos partenaires arabes. Nous sommes très attachés à notre amitié avec les pays arabes. Notre relation prioritaire avec l'Algérie va d'ailleurs dans ce sens", a-t-il souligné. Il a, d'ailleurs, rappelé, au début de sa conférence, s'être longuement entretenu avec le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, sur la situation en Libye et en Syrie, ainsi que dans l'ensemble de la région du Sahel, où l'armée française opère dans le cadre de l'opération Barkhane. Alain Juppé s'est félicité du "dialogue franco-algérien, qui vit une très belle période", le qualifiant de "très constructif". M. Juppé a été reçu par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a indiqué un communiqué des services du Premier ministre. "Les deux parties se sont accordées sur la nécessité de multiplier les expériences de partenariat et de jumelage entre les collectivités locales des deux pays dans le cadre des programmes de développement des territoires et des régions", a indiqué le communiqué, repris par l'APS. Dimanche à Oran, il avait souligné que "l'Algérie est un partenaire essentiel de la France", dans tous les domaines, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, dans un contexte marqué par une montée en puissance de l'organisation autoproclamée Etat islamique (Daech), précisant qu'il est favorable au dialogue politique en Libye, tout comme en Syrie ou au Mali. Lyès Menacer