Maintenant que la décision de dissolution des assemblées locales en Kabylie se précise de plus en plus après l'approbation par le Conseil de gouvernement de quatre projets de textes, le FFS décide de passer à l'offensive. Alors que le secrétariat national du parti était en conclave, hier, à Alger pour affiner sa stratégie de riposte contre le recours de l'Exécutif à la dissolution des assemblées dans les deux wilayas de Béjaïa et de Tizi Ouzou, une marche populaire sera organisée, aujourd'hui, par la fédération de Béjaïa au chef-lieu de la daïra de Tazmalt. Cette manifestation, qui a, d'ores et déjà, des relents d'une démonstration de force, vise à dénoncer ce que la formation de Hocine Aït Ahmed qualifie de “coup de force juridique contre les élus”. Elle vise également à rejeter, selon les slogans retenus pour la manifestation, “la décision raciste que tente de prendre le pouvoir diviseur et assassin” à dénoncer “la politique de la terre brûlée et l'entreprise de dislocation de la Kabylie”, à exiger le “respect de l'honneur, de la dignité et de la volonté populaire” et, enfin, à exiger le départ immédiat du chef de daïra et du wali de Béjaïa, responsables, à leurs yeux, du blocage du développement de la commune. Si à l'heure où nous mettons sous presse, rien n'a encore filtré de la réunion du secrétariat, celle-ci se poursuivant toujours, il reste qu'à se fier à certaines sources dans l'entourage du parti, la question de la dissolution a été le point focal du conclave. Et il est même attendu un communiqué, pour aujourd'hui, dans lequel le parti va réitérer sa position par rapport à cette question de dissolution. Une position dont on peut aisément saisir les contours à travers la manifestation d'aujourd'hui. Réfractaire et même hostile à la démarche gouvernementale, le FFS entend aller jusqu'au bout du bras de force. Et pour cause : il dispose, assure-t-on de même source, de solides arguments autant sur le plan juridique que politique pour s'y opposer. “Lorsqu'il fallait défier la violence, nous étions seuls sur le terrain, et maintenant, ils veulent nous chasser”, explique un élu sous le sceau de l'anonymat. Mais l'intransigeance du parti de Hocine Aït Ahmed ne tient pas seulement pour ce qui est perçu comme un “mépris” aux élus et comme une volonté de “destruction de la Kabylie”. À travers les prochaines élections partielles, le pouvoir entend, soutient-il, détourner le débat sur une question cruciale qui engage l'avenir de la nation, à savoir l'amnistie générale. Une question pour laquelle le parti s'est engagé dans une campagne de sensibilisation pour son rejet, du moins dans les termes posés déjà par le pouvoir. Reste, en définitive, seulement à savoir jusqu'où ira ce bras de fer d'autant que beaucoup d'observateurs craignent des dérapages pour la marche d'aujourd'hui. Karim KEBIR