Ils ont scandé à tue-tête des slogans hostiles au pouvoir. Entre 100 et 200 élus APC/APW du FFS et du FLN se sont rassemblés hier devant le siège de la wilaya de Béjaia dans un ultime recours pour faire barrage à la décision de dissolution des assemblées locales de Kabylie officialisées depuis avant-hier à l'issue du conseil des ministres. Venus des quatre coins de la Basse Kabylie, les élus du FFS soutenus pour l'occasion par leurs pairs du FLN et des militants de leur parti, ont scandé à tue-tête des slogans hostiles au pouvoir en place avec des termes plus virulents à l'égard du chef du gouvernement et les délégués des archs, accusés «d'agents de la division, de la dislocation de la Kabylie et de l'Algérie». «Ce coup de force juridique contre les représentants légitimes de la population est un précédent grave allant à l'encontre des principes élémentaires de la démocratie » soutenait hier le premier secrétaire fédéral, M.Bouaiche Ikhlef dans son intervention devant la foule qui scandait «Ulac Rouah Ulac». Se faisant plus explicite, il ajoutera que «désormais, c'est la porte ouverte à tous les dépassements du pouvoir qui n'a ni projet ni base sociale». Commentant la décision de dissolution, l'orateur dira qu'il «s'agit là de la légitimation de la violence». Dans leurs longues interventions, les représentants du FFS ont tenté d'expliquer à leur manière que «la dissolution des assemblées locales n'est qu'une étape d'un projet profond de recomposition du champ politique préparé par un cartel des généraux contre le FFS qui est l'unique vrai parti politique d'opposition», lancera le P/APW de Béjaia qui soutiendra que «nous ne verserons pas dans la violence car nous sommes des pacifiques». Khaled Tazaghart, membre du conseil national du FFS, remontera jusqu'au lendemain de l'indépendance pour retracer le combat du FFS et signaler à l'assistance les différents coups de force subis par son parti avant d'aboutir à la révocation des élus locaux, «nous ne partirons pas car nous n'avons pas été élus par décret. C'est le peuple qui nous a placés ici et c'est à lui de nous demander de partir». Sur ce, il mettra au «défi les archs et Ouyahia de venir en Kabylie et d'entendre les gens». M.Bouchoucha du FLN précisera que «l'action du jour a été décidée par tous les élus de la wilaya de Béjaïa pour contrecarrer la décision d'Ouyahia qui porte atteinte à la République et qui vise à saborder le projet de réconciliation du président de la République». S'en prenant aux archs il les qualifiera de «groupuscules qui ne représentent que leur personne» avant de rejeter ce projet qui, selon le représentant du FLN, «vise à diviser le peuple algérien». Rachid Chabati, P/APC de Béjaïa et bien d'autres élus se succéderont à la tribune pour développer chacun à sa manière la position à l'égard de la dissolution des assemblées. De tous ces discours, on notera que le FFS fera encore longtemps dans la résistance «pacifique» comme ont tenu à le préciser les différents orateurs. Pour preuve, ces derniers ont appelé à une participation massive aux prochaines actions dont un rassemblement à Amalou aujourd'hui, un meeting à Tazmalt le mercredi et une marche à Alger le jeudi.