Le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal) a évoqué, jeudi, les contraintes qui empêchent les opérateurs économiques d'exporter. "Nous avons perdu environ 115 exportateurs en 2015", a révélé, amèrement, l'invité de la rédaction de la radio Chaîne III, indiquant que "les gens sont découragés". Le président de l'Anexal pointe du doigt, notamment, la réglementation du change. "La vision du Conseil de la monnaie et du crédit par rapport à l'exportateur doit changer", a-t-il plaidé, estimant que l'exportateur "est, actuellement, embrigadé". Pour Ali Bey Nasri, si on veut que l'exportateur joue son rôle pleinement, il faut une réglementation de change beaucoup plus favorable. Le président de l'Anexal a cité deux problèmes, à ce niveau. Il évoque l'empêchement de s'installer à l'étranger, à travers des bureaux de liaison, et la méfiance envers l'exportateur, perçu comme un suspect potentiel. "Pourquoi cette méfiance ?", s'est interrogé M. Nasri, en racontant la mésaventure d'un chef d'entreprise qui exporte pour 4 millions de dollars et qui a été condamné à deux années de prison avec sursis, parce que sa banque intermédiaire n'a pas signalé son changement d'adresse. Ali Bey Nasri a insisté sur la mise à niveau de la réglementation du change. Mais pas seulement, car tout le dispositif doit être revu, en termes de transport et de capacité de fret. L'Algérie ne peut exporter des produits agricoles, en dépit de ses capacités existantes. Au niveau de l'aéroport international Houari-Boumediene d'Alger, a-t-il, signalé, c'est le scanner voyageur qui traite les exportations des produits agricoles. "C'est inadmissible. On ne peut pas décharger une palette de deux tonnes pour faire passer au scanner des sacs de cinq kilogrammes", s'insurge M. Nasri. "C'est une honte pour l'Algérie", a-t-il ajouté, relevant la forte demande à l'extérieur que notre pays doit capter. Sur ce point, le président de l'Anexal évoque le marché de la Fédération de Russie qui a décidé de boycotter les produits agricoles européens et de la Turquie. "Nous avons ici une opportunité pour placer les produits que nous avons en excédent, comme la tomate et la pomme de terre", a-t-il indiqué. M. Nasri a rappelé que l'Algérie exporte, déjà, des produits agricoles vers le marché européen, mais en petites quantités. "Ce qu'il faudrait, c'est que ces petites quantités prennent du volume", a-t-il souhaité, indiquant que tous les produits manufacturés peuvent être placés en Afrique. Le président de l'Anexal a relevé la nécessité d'améliorer la compétitivité de l'industrie algérienne qui, aujourd'hui, est extravertie, la valeur ajoutée est encore faible. M. Nasri a constaté que sur environ 2 milliards de dollars d'exportation hors hydrocarbures, 1,7 milliard de dollars sont des dérivés des hydrocarbures "de manière directe ou indirecte". En d'autres termes, les exportations réellement hors hydrocarbures, essentiellement des produits agricoles et des produits agricoles transformés, sont estimées à 300 millions de dollars, seulement. "Nous sommes au début de l'exportation des produits manufacturés. Je parle de l'électronique grand public, des matériaux de construction et de certains produits issus de la mécanique", a noté M. Nasri, estimant que l'Algérie peut exporter 10% de sa production de boisson, soit 100 à 150 millions de dollars. Notre pays peut exporter des produits électroménagers, un secteur en très forte croissance. Le président a regretté que les gains politiques engrangés par l'Algérie en Afrique ne soient pas traduits dans le domaine commercial, indiquant que son organisation a proposé la mise en place des lignes de financement en contrepartie d'achat de produits algériens. "L'externalisation d'un consortium de banques algériennes est devenue un impératif", a jugé M. Nasri, affichant, "pour la première fois", un optimisme concernant le règlement des contraintes qui, aujourd'hui, rend l'acte d'exporter quasiment impossible. Meziane Rabhi