Le livre primé est un récit d'aventures et se veut d'abord comme un hommage à notre illustre ancêtre, Apulée de Madaure, considéré comme le premier romancier de l'histoire de la littérature mondiale. Avec son roman L'âne mort paru aux éditions Barzakh, l'écrivain-journaliste vient de décrocher le Prix de l'Association des écrivains de langue française (Adelf) de l'Afrique méditerranéenne-Maghreb pour l'année 2015. Le prix sera remis lors du prochain Salon du livre de Paris, prévu en mois de mars prochain. Après Le Faiseur de trous, sorti en 2007, chez Barzakh, voilà que l'enfant terrible de la presse algérienne récidive, en 2014, avec son H'mar Miyet (L'âne mort), une expression chère à l'inspecteur Tahar. Cette fois, il s'agit de "Zembrek", l'âne chéri d'un ancien commissaire de police reconverti dans les affaires et que Chawki Amari n'hésite pas à tourner en bourrique. Fidèle à sa réputation iconoclaste, notre confrère qui signe donc son deuxième roman vient nous retracer ainsi les tribulations d'un trio de quadragénaires, deux hommes et une femme, en cavale d'Alger vers les hauteurs du Djurdjura (Kabylie) après avoir causé "accidentellement" la mort du baudet. Recherchés par les forces de l'ordre, Lyès, Mounir et Tissam trouveront refuge chez un ermite du nom d'Izouzen, un érudit vivant à plus de 1500 m d'altitude dans une pizzeria transformée en librairie et sujet à une étrange "pulsion" morbide qui le conduit à l'assassinat de ses six épouses. Construit sur onze chapitres, cet opus de 180 pages est un récit d'aventures qui se veut d'abord comme un hommage à notre illustre ancêtre, Apulée de Madaure, considéré comme le premier romancier de l'histoire de la littérature mondiale. Métamorphose, plus connu sous le titre de L'âne d'or, écrit au IIe siècle dans l'Algérie antique, venait en effet d'inaugurer un genre littéraire majeur, à savoir le roman. On apprend sur le site de l'Adelf que le Prix "Afrique méditerranéenne-Maghreb" est ouvert à tout écrivain de langue française originaire du Maghreb et, plus largement, de l'Afrique méditerranéenne, ou à un ouvrage concernant ces mêmes régions, en excluant les traductions. Ce prix littéraire récompense depuis 1982, chaque année, un ouvrage écrit en prose et en français (roman, essai, mémoires ou nouvelles) traitant d'un sujet méditerranéen. Le dernier lauréat est la Franco-Israélienne Valérie Zenatti pour Jacob, Jacob, paru en France aux éditions de l'Olivier. Fondée en 1926, l'Adelf est considérée par ailleurs comme la plus ancienne des associations francophones. Elle a été reconnue d'utilité publique en 1952 et réunit, dans un même attachement à la langue française, des écrivains de toutes origines. Son objectif est de révéler de nouveaux talents et de consacrer les écrivains majeurs qui, par la qualité de leur écriture et la force de leur engagement, font rayonner dans le monde entier les valeurs de la francophonie. Pour l'Adelf, la langue française représente un patrimoine commun en perpétuelle et nécessaire évolution, qui précède ou accompagne, par le dialogue des cultures, les mutations du monde moderne. Mohamed-Chérif Lachichi