Dix-neuf promoteurs immobiliers privés en charge de la réalisation de programmes de logements LSP mais restés en souffrance ou inachevés à Tizi Ouzou ont été ciblés par une mission d'inspection ministérielle, a-t-on appris à travers un courrier officiel adressé aux concernés. "Nous vous informons du passage d'une mission d'inspection composée des cadres des structures centrales du ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, de la CNL, du Fonds de garantie et de la caution mutuelle de la promotion immobilière (FGCMPI), et votre présence est requise sur le site du projet", lit-on dans le courrier. Si, dans le document en question, 19 promoteurs privés sont nommément cités, le directeur du logement de la wilaya, Banouh Mustapha, insiste surtout sur six projets qui sont en souffrance et dont l'avenir est incertain. Il s'agit, a-t-il précisé, des projets de 54 logements à Draâ Ben Khedda, 204 à Mekla, 50 à Illoula, 83 à Tizi Ouzou, 54 à Talla Allam et 42 à Timizart. À ceux-là s'ajoute, a souligné le Dlep, un programme de 110 logements à Azeffoun où, précise-t-il, "le promoteur est sur la liste noire". Au total, dit-il, sur un programme de 10 060 logements LSP, 6000 ont été livrés, d'autres sont en cours de réalisation et environ 750 sont bloqués. À Timizart, le projet des 42 logements lancé en 2007 devait être achevé en décembre 2009, mais selon les documents de l'association des acquéreurs, 23,4 millions de dinars ont été versés au promoteur et le taux de réalisation n'est que de 7%. À l'origine de l'arrêt des travaux, un litige autour de l'assiette foncière du projet. Après de longues procédures judiciaires, les acquéreurs n'ont pas eu gain de cause. Aujourd'hui, ils réclament une enquête. "À Azazga, le promoteur concerné veut carrément détourner un programme LSP vers le promotionnel", a révélé le Dlep, en soulignant que certains promoteurs sont poursuivis en justice et en rappelant que dans la wilaya, deux promoteurs ont été condamnés et emprisonnés et un autre est en fuite suite à des arnaques. D'autres affaires de logements risquent également de finir devant la justice. C'est le cas d'un projet de 82 logements dans la ville de Tizi Ouzou où, selon des documents des acquéreurs, le projet devait être livré en 2010 mais, malgré le versement de plus de 50 millions de dinars de l'apport personnel au promoteur, tranches de crédit bancaire et tranches d'aides CNL, le projet est toujours au stade des fondations. "La formule LSP constitue un véritable casse-tête pour nous. C'était mal parti", a reconnu le Dlep, en expliquant que "lorsque cette formule a été lancée dans le but d'apporter une solution à une catégorie de la population, et que d'importants avantages ont été accordés aux promoteurs tels que le crédit bonifié, l'abattement de 90% sur le prix du terrain, l'exonération de l'IBS et de l'IRG, une baisse de TVA à 7% au lieu de 17% et la possibilité de consacrer 20% du terrain à la réalisation de locaux en vente libre, on s'est retrouvé face à des surprises : même des médecins et des agriculteurs sont devenus du jour au lendemain promoteurs immobiliers, donc on a eu des promoteurs non seulement mal outillés mais qui ne savent ni maîtriser, ni piloter, ni même estimer les projets", explique-t-il, en notant que ce n'est que récemment qu'un cadre légal est venu baliser cette fonction. Samir LESLOUS