Depuis l'accord trouvé entre la communauté internationale et le régime iranien à propos de son dossier nucléaire et la levée substantielle des sanctions internationale, l'Arabie Saoudite a senti le danger mortel des mollahs qui n'hésiteront plus à intensifier leurs activités dans la région du Moyen-Orient en général et à l'intérieur du royaume en particulier ; le royaume s'est retrouvé presque acculé et seul pour faire face à l'ogre iranien, et lâché par un soutien politique actif de l'administration Obama qui, apparemment, joue sur cette crainte saoudienne pour lui soutirer le maximum d'argent au profit du complexe militaro-industriel américain qui est enraciné dans les orientations stratégiques globales des Etats-Unis d'Amérique et aussi pour des calculs purement stratégiques de la Maison-Blanche, les inquiétudes saoudiennes ont raison de l'être, vu les fissures et les mésententes qui entourent déjà ses relations avec ses voisins du Golfe en premier lieu, donc l'Arabie Saoudite ne compte plus que sur son initiative pour la création d'une coalition islamique pour lutter contre le terrorisme qui est en fait une sorte de front sunnite contre la menace chiite, mais, apparemment, le peu de pays que peut drainer cette initiative ne peut être d'aucun secours parce que le danger viendra simplement par une possible implosion à l'intérieur du royaume, l'exécution du dignitaire chiite par les autorités saoudiennes peut être perçue comme le début de la fin si les autorités saoudiennes n'arrivent pas à trouver une solution adéquate, en premier lieu les réformes profondes nécessaires pour éliminer l'exclusion et les disparités sociales et aussi tous les maux qui gangrènent la société saoudienne, à l'exemple du laxisme, la corruption et bien d'autres faiblesses qui caractérisent la gouvernance de cette monarchie. Relation Etats-Unis - Arabie Saoudite : du partenariat ou du protectorat ? Le 14 février 1945, le président Roosevelt et Abdelaziz Ibn Saoud signèrent le Pacte de l'USS Quincy qui définit d'une façon claire les relations qui lient les deux pays : les Etats-Unis se voyaient assurer un accès privilégié au pétrole du royaume saoudien et la sécurité énergétique pour leur économie, et en échange les Américains offrent une protection militaire et un appui politique ; donc ces deux pays sont interdépendants, l'un a besoin de l'autre ; néanmoins, cette interdépendance recèle des lacunes en défaveur de l'Arabie Saoudite et s'est répercutée de façon négative sur ses orientations politiques et restreint son champ d'action qui touche à des causes qui sont si chères au monde arabo-musulman, dont le royaume est l'une de ses composantes, à l'exemple du conflit israélo-arabe qui empoisonne le Moyen-Orient depuis plus d'un demi-siècle et qui est source de toutes les turbulences qu'a connues la région depuis la création d'un foyer national juif en Palestine avec une bénédiction et un appui sans faille et permanent des Américains ; donc cette ambiguïté de la politique extérieure du royaume lui fait perdre une certaine crédibilité, y compris dans son espace vital, et elle est devenue, malgré elle, un outil de pression au service des Américains et un point d'appui pour toutes les manœuvres américaines dans la région. En janvier 2015, le roi Salman bin Abdelaziz Al Saud accède au trône, et en avril de la même année il annonce des changements presque totaux dans les postes de responsabilités au sein du royaume, en écartant ceux nommés par son prédécesseur au profit des membres de son clan, des postes-clés du pouvoir ont été attribués à ses proches qui manquent cruellement d'expérience dans une conjoncture très particulière pour le royaume, à l'exemple du ministre de la Défense qui est très jeune et inexpérimenté. Ces changements faits au détriment de ceux qui étaient proches du défunt roi Abdullah augurent en premier lieu une approche sécuritaire très particulière de l'actuel roi. On sait que son prédécesseur a prôné une politique d'entente et d'ouverture avec la composante chiite dans la royaume, donc ce changement radical de la politique intérieure du royaume nous renseigne sur le degré de méfiance qu'accorde l'actuel roi à certains cercles du pouvoir dans le royaume en s'entourant de ses proches dans tous les postes stratégiques. Pour le nouveau roi d'Arabie Saoudite, l'Iran est l'ennemi numéro un, et il sait qu'il fera tout pour le déstabiliser, une guerre ouverte et directe entre les deux pays étant exclue par la simple logique que le royaume est sous protection américaine, mais les coups bas et les manœuvres de déstabilisation vont s'intensifier à l'intérieur du royaume, ce qui explique clairement le durcissement de la politique intérieure du royaume juste après l'accession au trône du roi Salman, par crainte et par précaution. Cette approche sécuritaire du nouveau roi ne fait pas l'unanimité au sein de l'élite saoudienne, avec de nouvelles réglementations qui limitent les activités politiques et l'activisme social et la multiplication des arrestations. D'ailleurs, rien qu'en septembre 2015 les forces de sécurité saoudiennes ont procédé à l'arrestation de 1500 Saoudiens et plus de 300 étrangers pour suspicion de connexions avec Daech. Il faut dire que ce roi se méfie de tout, et il voit le danger partout, surtout un danger qui vient de l'intérieur du royaume, ce qui explique sa méthode rigoureuse et ferme pour éliminer les facteurs de nuisance qui peuvent toucher en premier lieu la famille royale, et en deuxième lieu la sécurité et la stabilité du royaume. Officiellement, l'administration Obama s'est engagée avec le gouvernement actuel saoudien pour un partenariat stratégique qui touche principalement la sécurité régionale et la stabilité économique, et en contrepartie le gouvernement saoudien devra procéder à quelques réformes qui touchent principalement la politique et les droits de l'homme. En principe, les officiels américains sont tenus de ne pas critiquer la politique interne du royaume dans leur discours publics, donc les réformes promises restent du domaine de l'engagement diplomatique privé. Le régime iranien et ses motivations politiques au Moyen-Orient Pour les dignitaires religieux iraniens, leur pays est en soi-même une cause, révolutionnaire et religieuse et le fondement de leur politique extérieur est basé sur l'exportation de cette cause et cette révolution, l'article 124 de la Constitution de la République islamique d'Iran affirme explicitement que "l'exportation de la révolution est une responsabilité constante de la République islamique". Le guide de la révolution, le grand Ayatollah Ali Khamenei, a affirmé peu après l'accord sur le nucléaire iranien, que cet accord ne changera en rien la politique extérieure iranienne et qu'il n'y aura pas de compromis autour de cette constante, qui est bien sûr celle de l'exportation de la révolution. Pour les Iraniens, tous les maux qui ont touché leur pays depuis leur révolution de 1979 sont liés à l'Arabie Saoudite, directement ou indirectement, comme la guerre Iran-Irak où le royaume saoudien a soutenu l'Irak de Saddam et a supporté financièrement et d'une façon considérable son effort de guerre. Pour le régime iranien, l'Arabie Saoudite a toujours œuvré pour le maintenir dans l'isolement international ; toute cette escalade de tensions du moins politique pour le moment est en quelque sorte une réponse du berger à la bergère. La crainte des dirigeants saoudiens s'est accentuée crescendo depuis l'accord signé entre l'Iran et la communauté internationale sur la maîtrise de son nucléaire qui inclut la levée de certaines sanctions, ce qui permettra certainement au régime iranien de trouver toutes les ressources financières nécessaires à se donner les moyens conséquents pour parvenir à ses objectifs au Moyen-Orient qui occupe une place centrale et prépondérante dans sa conception de l'exportation de sa révolution islamique. Les manœuvres d'ingérence avérée dans les affaires internes des pays limitrophes qui lui sont inférieurs ne cadre pas avec le discours officiel : l'Iran pratique déjà une expansion idéologique en s'appuyant sur son atout majeur qui est la composante chiite qui se trouve dans la majorité des pays du Moyen-Orient et finance pratiquement toute les facteurs de nuisance qui perturbent la stabilité institutionnelle des ces pays, ce qui a provoqué des fractures irréversible entre les communautés qui, jadis, ont vécu dans une certaine symbiose et cohabitation à l'exemple de l'Irak, la Syrie, le Yémen, le Liban. Sujets de discorde entre l'Arabie Saoudite et l'Iran Le royaume cherche avant tout à assurer sa sécurité et à contribuer à la stabilité régionale toute en maintenant sa relation privilégiée avec son protecteur américain, et sa politique extérieure est basée sur ce principe du point de vue saoudien mais du point de vue du régime iranien les structures politiques et économiques du royaume saoudien vont à l'encontre même de ses fondements et ses objectifs et met en danger sa survie. Les sujets de discorde entre les deux régimes sont multiples : le régime iranien idéologiquement est basé sur la pensée chiite et il est en conflit historique avec celui prôné par le royaume saoudien. Leurs politiques extérieures sont totalement divergentes et ainsi la politique d'exportation de la révolution iranienne a provoqué des fractures irréversibles sur des espaces de cohabitation inter-confessionnels dans les pays limitrophes et s'est répercutée négativement sur la stabilité du royaume avec la montée incessante des contestations chiites à l'est du pays ; toutes ces activités iraniennes dans la région du Moyen-Orient ont poussé l'Arabie Saoudite à réagir constamment afin de démanteler les manœuvres iraniennes pour établir des régimes sectaires pro-iraniens, sans omettre l'accusation iranienne sur l'Arabie Saoudite soupçonnée d'inonder le marché mondial du pétrole et d'être derrière la chute du prix du baril en vue d'aboutir à l'effondrement de l'économie iranienne. Ce qui est totalement absurde tout simplement parce que les experts expliquent cette baisse par une décrue de la demande du marché américain qui s'est répercutée sur les prix et aussi d'autres facteurs purement conjoncturels liés à l'économie mondiale presque en récession, donc des accusations non fondées qui relèvent plutôt de la provocation. Rahim kermoun Auteur