Si la saisie d'une infime quantité de kif était perçue comme un scandale dans la région il y a tout juste quelques années, aujourd'hui les prises de drogue se chiffrent en quintaux. Mila n'est plus cette région conservatrice qu'elle était il y a moins d'une décennie. La wilaya est devenue une destination finale pour les trafiquants de drogue, compte tenu de l'évolution inédite des saisies effectuées par les services de sécurité dans la lutte contre la criminalité. Si la saisie d'une infime quantité de kif était perçue comme un scandale dans la région il y a tout juste quelques années, aujourd'hui les prises de drogue se chiffrent en quintaux. Le même constat est valable pour les psychotropes, les liquides hallucinogènes et les boissons alcoolisées. À titre d'exemple, plus de deux quintaux de kif traité ont été saisis par les services de police en 2014 (les quantités saisies par la gendarmerie ne sont pas en notre possession), un chiffre qui renseigne, du reste, sur l'ampleur que prend le déplorable phénomène qui s'étend, désormais, jusqu'à des catégories sociales insoupçonnées telles que les collégiens et les lycéens des deux sexes. Des médecins libéraux consultés sur la question affirment, en effet, avoir reçu dans leur cabinet ou leur clinique des adolescents drogués aux psychotropes ou au kif. Pis, même les régions les plus reculées de la wilaya, comme les communes montagneuses de Hamala, Chigara, Baïnan, Tassadane et Laâyadi, ne sont pas épargnées par ce mal. Et le nombre de dealers appréhendés dans ces communes depuis le début de l'année en cours est plus qu'éloquent dans ce sens. Aussi, les observateurs locaux préconisent-ils une lutte en amont contre le phénomène par la mise en place de points de contrôle permanents sur les routes, en appelant à l'intensification des actions de sensibilisation dans les milieux juvéniles avec l'implication de l'école, de la mosquée, du secteur de la jeunesse et de celui de la santé publique. Signalons que l'année 2015 a connu la saisie de 20 kilos de kif, 2900 comprimés psychotropes, 84 flacons de substances liquides hallucinogènes et 7776 bouteilles de boissons alcoolisées. Kamel BOUABDELLAH