Plus que jamais décidé à brider les importations des véhicules neufs pour réduire les dépenses en devises, le gouvernement s'achemine vers des mesures draconiennes et tente de gagner du temps pour provoquer une pénurie qui ne dit pas son nom. Selon nos sources, les ministères qui interviennent dans la gestion du "dossier automobile", comme ceux du Commerce, de l'Industrie et des Mines et des Finances, multiplient les décrets, les notes, les ordonnances, et les mises en garde envers les concessionnaires automobiles — le tout sous couvert du nouveau cahier des charges — pour ralentir cette activité. Sans jeu de mots, le gouvernement met le turbo, avec une rare action sournoise, pour freiner un marché, le 2e du continent après celui de l'Afrique du Sud et qui a connu les grands jours entre 2009 et 2014. En effet, les clients algériens doivent prendre leur mal en patience pour acquérir un véhicule neuf chez un concessionnaire automobile à cause de ces nouvelles mesures inscrites dans un plan d'austérité qui s'étale sur une durée de trois ans. Ce plan se décline sous forme de feuille de route établie sur la base des produits prioritaires à importer. Selon nos sources, seul le ciment figure dans ce plan déployé par le gouvernement, et ce, afin d'achever les chantiers de bâtiments entamés dans le cadre des formules AADL (location-vente) et LPP (logement promotionnel). Du coup, seuls les composants de montage des véhicules en Algérie (camion, bus et véhicules particuliers) sont admis à l'importation. Pour preuve, la réunion qui devait se tenir samedi dernier pour définir les quotas à octroyer pour les concessionnaires automobiles a été ajournée pour le 23 février prochain. Et rien ne dit qu'elle ne sera pas reportée une nouvelle fois à cause des agendas chargés desdits ministères qui sont représentés dans la commission d'attribution des quotas. Une fois les quotas définis, les constructeurs automobiles devront faire face aux prototypes à fabriquer conformément aux modèles inscrits sur les licences d'importation. Une corvée qui s'étalera sur quatre mois, sachant que chaque modèle devra faire l'objet d'une homologation des services des mines à Alger. Et comme on l'avait prédit dans les colonnes de Liberté, les importations accuseront un retard de six à neuf mois, avant qu'elles ne subissent un autre retard allant de 30 à 45 jours au niveau des douanes et des administrations pour la délivrance des cartes jaunes. Du coup, le quota plafonné à 152 000 unités pourrait être revu à la baisse, sachant que certains concessionnaires honnêtes se sont fait piéger par les délais fixés pour le dépôt du dossier pour l'obtention de leurs licences d'importation en ajournant leurs commandes auprès de leurs constructeurs respectifs. Face à cette situation, on ne peut plus kafkaïenne, les concessionnaires comptent tabler sur le véhicule utilitaire et les véhicules de moyenne et de haut de gamme pour glaner des bénéfices. Conséquences immédiate : la mini-citadine et la citadine, qui représentent par ailleurs plus de 60% des parts de marché, risquent de disparaître des catalogues showrooms. F. B.