Son image écornée par les scandales, Sonatrach doit impérativement recouvrer la confiance et muscler son management. L'une des plus belles réalisations du développement économique des 50 dernières années dans notre pays est sans aucun doute la nationalisation des hydrocarbures un certain 24 février 1971 par le président défunt Houari Boumediene, une phrase inédite "qarrarna ta'mim el-mahrouqat" prononcée ce jour-là résonne encore et toujours dans la tête de beaucoup d'entre nous. Il faut dire que cette décision courageuse, déterminante et surtout historique a permis d'ouvrir de nouvelles opportunités de développement de notre économie. Le groupe Sonatrach s'assimile pour l'instant à toute l'économie algérienne, exportant pour 98%, étant la plus importante société algérienne, il emploie plus de 51 000 salariés (permanents) et avec ses filiales 125 000 personnes. Sonatrach représente 45% du PIB évalué à 214 milliards de dollars en 2014. L'expression "l'Algérie étant Sonatrach et Sonatrach étant l'Algérie" résume à elle seule le poids et l'importance de Sonatrach pour l'Algérie. En cette période de baisse des cours du pétrole et du gaz (son prix est indexé sur le pétrole avec un décalage de 3 à 6 mois dans le cadre des contrats à long terme), Sonatrach devrait réagir d'une manière structurée afin d'adapter sa stratégie, notamment en matière de politique gazière vis-à-vis de l'Europe et de l'Asie, car les contrats à long terme évoluent dans un environnement politique et économique en mutation constante, il faudrait conjuguer contrats à long terme avec le principe du "take or pay" et marchés spot où les ventes au niveau du marché spot doivent être considérées comme étant complémentaires et non pas comme une alternative aux contrats à long terme. En 2015, les exportations d'hydrocarbures se sont réduites, passant de 60,3 milliards de dollars à 35,7 milliards de dollars, soit une baisse de près de 41% en une année. Ainsi, Sonatrach enregistre des chutes considérables au niveau de sa production. Rien que pour la production gazière, elle est passée de 90 milliards m3 à 82 milliards m3, alors qu'en même temps la demande interne continue d'augmenter (+15%), quant à la question d'augmenter la production pour pallier la chute des cours du pétrole, il faudrait attendre que les prix remontent à nouveau, par contre, il faut continuer à investir, car il faut absolument maintenir les taux de récupération, augmenter les réserves d'hydrocarbures, préparer l'exploitation éventuelle des hydrocarbures non conventionnels et maximiser la valorisation des hydrocarbures. En clair, préparer au mieux le cap 2020 où les prix du baril se redresseront et seront nettement orientés vers la hausse. Dans un autre registre, il faut rétablir un climat de confiance au sein de Sonatrach, un paramètre primordial perdu depuis les six dernières années à cause des scandales, donc il est extrêmement important de protéger le staff dirigeant et les cadres de Sonatrach. Le politique devrait laisser une certaine autonomie en matière de gestion et de décision au staff dirigeant de Sonatrach, d'autant plus que l'organisation de Sonatrach est dotée de trois organes dissociés, à savoir l'assemblée générale (AG) présidée par le ministre de l'Energie ; le conseil d'administration (CA) et le comité exécutif (CE), présidés par le PDG. Par ailleurs, il faut réactiver le conseil national de l'énergie (CNE), un organe de concertation par excellence. Enfin, Sonatrach devrait s'adapter aux conditions du temps et à la réalité du marché en permanence, tout en poursuivant son objectif principal, à savoir le profit. En effet, il faut absolument instaurer un nouveau management stratégique en améliorant notamment le processus décisionnel qui est trop centralisé, et ce, par la mise en place d'une organisation adaptée avec des indicateurs de gestion et avec une gestion rationnelle des ressources humaines. Il faut retenir et surtout recruter les compétences requises, en vue d'assurer une performance élevée et viser ainsi l'excellence. Aussi, il est important de communiquer, en interne avec les employés et en externe vis-à-vis de la presse spécialisée en présentant les bilans trimestriels, semestriels et annuels dans les délais, ce n'est que de cette manière que l'image de marque de Sonatrach et la confiance seront de nouveau rétablies. Du temps a été perdu et il faut maintenant aller de l'avant et rétablir cette confiance qui manque tant au secteur des hydrocarbures en Algérie. A. H. Consultant Oil & Gas