Devant les constants blocages politiques, la tentation d'une intervention étrangère en Libye contre les groupes terroristes persiste, malgré le risque d'entraîner toute la région de l'Afrique du Nord dans une instabilité durable. La Libye est toujours en attente de son gouvernement d'union, qui devait être approuvé hier par le Parlement reconnu de Tobrouk, alors que l'option d'une intervention étrangère se précise et que les pays voisins, dont l'Algérie, rejettent catégoriquement. Hier, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a insisté sur une solution "pacifique" dans ce pays, et soutenu la poursuite du dialogue politique interlibyen, sous l'égide de l'ONU. Même si la lutte contre le terrorisme en Libye, notamment contre l'organisation autoproclamée Etat islamique (Daech), doit passer par l'usage des armes, elle doit toutefois se passer "dans le cadre de la légalité internationale et du respect de la souveraineté, de la sécurité et de la stabilité de ce pays", a rappelé Ramtane Lamamra. Le chef de la diplomatie algérienne a souligné aussi, à l'issue de son entrevue à Alger avec le sous-secrétaire d'Etat américain aux Affaires politiques, Thomas Shannon, que l'Algérie et les Etats-Unis "s'accordaient aussi sur un nombre de points inscrits à l'ordre du jour de cette rencontre", a rapporté l'APS. Il a également insisté sur "l'importance de faire prévaloir les solutions politiques conformément à la légalité internationale concernant toutes les crises et conflits dans notre région". En effet, il y va de la sécurité de toute la région de l'Afrique du Nord, du Sahel et même de l'Europe qui craint le pire si la situation en Libye échappe au contrôle des acteurs politiques libyens, incapables, jusque-là, de trouver un terrain d'entente pour sortir de la crise née de la chute de l'ancien régime de Tripoli fin 2011. De son côté, Thomas Shannon a affirmé avoir longuement échangé avec M. Lamamra au sujet de"la lutte contre le terrorisme et l'aide des Libyens, du gouvernement d'union nationale et de ses institutions à exercer leur souveraineté dans leur pays de manière à permettre à la Libye de relever les défis futurs". Les Etats-Unis ont mené plusieurs raids aériens ciblés en Libye, dont le dernier a eu lieu vendredi contre une cellule de Daech à Sebratha, dans le nord-ouest. Le raid a visé le chef terroriste tunisien Nourredine Chouchane, cerveau des attentats terroristes commis en 2015 en Tunisie, contre des touristes étrangers à Tunis et à Sousse. Une cinquantaine d'autres terroristes, tous des Tunisiens, ont aussi été abattus par l'aviation américaine lors de cette opération. Washington affirme avoir informé tous ses partenaires dans la région de ce raid qui ne sera, sûrement, pas le dernier. Car, les puissances occidentales sont déjà prêtes à passer à l'acte dès l'entrée en fonction du gouvernement libyen de Faïz Serradj. Mais face à la fuite en avant de certains responsables politiques libyens, que ce soit à Tripoli ou à Tobrouk, une intervention étrangère en Libye pourrait se passer de la mise en place de ce nouvel exécutif pour éviter que Daech prenne davantage le contrôle de territoire et des champs pétroliers. Lyès Menacer