A l'occasion d'une vente-dédicace qui a eu lieu Samedi dernier à la librairie Tout pour l'Algérie de Zeralda, et qui avait pour thème une rétrospective sur son œuvre prolifique, l'enfant terrible de la littérature algérienne est longuement revenu sur plusieurs sujets : son parcours d'écrivain, Kamel Daoud et Boualem Sansal, le printemps arabe, et sur le rapport des algériens à la littérature. Liberte-algerie.com était sur place. Rachid Boudjedra est ainsi revenu sur la dernière polémique suscité par Kamel Daoud. Il estime que la chronique dans laquelle il évoquait les réfugiés et l'Islam, n'était qu'un moyen "de se faire bien voir" par les médias français "la preuve, il est chroniqueur dans "Le Point" (magazine français, ndlr) et au "New-York Times", et vient de recevoir le prix du meilleur journaliste". Il ajoutera également que "lorsque je l'ai vu à la télévision dire que le problème palestinien et les six -cent enfants morts à Gaza, ne l'intéressait pas, j'ai écrit un texte sur Kamel Daoud en disant que c'était dégueulasse." Egalement Boualem Sansal n'a pas été épargné par Boudjedra. Ce dernier nie que l'auteur de "2084: la fin du monde" ait été censuré en Algérie "Moi, je savais que non, j'ai voulu vérifié cela, me disant qu'ils avait peut-être été censurés entre-temps, et j'ai trouvé tous ses livres, Sansal a menti en disant ça" Cette rencontre était l'occasion de revenir sur son dernier roman, "Printemps" qui aborde les thèmes du l'islamisme, de l'homosexualité, et des révolutions qui ont secoué le monde arabe. Son avis quant à ces "Printemps" reste bien arrêté, Boudjedra dira : "aucune de ces révolutions ne m'a touché, elles m'ont fait du mal, j'ai souffert par ce que je savais dès le départ que c'était foutu....c'est l'hiver arabe, pas le printemps arabe !" Interrogé sur la situation de la littérature algérienne contemporaine, elle a, selon lui, stagné ces dernières années, victime des tabous et de l'archaïsme de la société, il regrette que les auteurs n'osent toujours pas se défaire de ce mutisme généralisé : " Il y dans la littérature algérienne d'aujourd'hui beaucoup d'archaïsme, on ne parle par exemple pas de la femme, de la sexualité, les tabous ne sont pas touchés, on a peur". Par ailleurs , Boudjedra est revenu sur son écriture, et trouve qu'elle ne s'est pas réellement renouvelée, les sujets sont restés les mêmes tout au long de ces années, car les préoccupations de la société n'ont pas changé "Il n'y a pas eu d'évolution, j'écris quasiment le même roman à chaque fois. Je parle de l'archaïsme algérien, il y a des hommes très modernes cependant, qui demandent une égalité entre l'homme et la femme". Yasmine AZZOUZ @YasAzzouz