Le Maroc, qui a abrité la partie la plus cruciale du dialogue interlibyen, rejette toute intervention militaire étrangère en Libye, renforçant ainsi le front des pays qui encouragent la poursuite du dialogue politique dans ce pays. le chef de la diplomatie marocaine Salaheddine Mezouar a indiqué, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue tunisien, Khemaies Jihaoui, en marge de sa visite en Tunisie vendredi soir, que son pays est opposé à toute option militaire en l'absence d'un gouvernement libyen élu et légitime. "Le Maroc est contre toute intervention militaire en Libye s'il n'y a pas une demande des autorités libyennes élues", a-t-il tranché, insistant sur la nécessité de privilégier la formation d'un gouvernement d'union qui sera l'interlocuteur légitime avec la communauté internationale qu'il a appelée à assumer pleinement ses responsabilités face au développement dangereux de la situation dans ce pays, a rapporté la presse tunisienne. La position marocaine va dans le sens du combat de l'Algérie et de la Tunisie, directement concernées par la situation en Libye. Ces deux pays sont formellement contre tout recours à une intervention au sol en Libye et continuent d'appeler toutes les parties impliquées dans cette crise à favoriser le dialogue politique et la voie diplomatique, et d'éviter les erreurs commises par les puissances occidentales, lors de la "révolution du 17 février 2011", ayant abouti à la chute de l'ancien régime de Tripoli. "Nous sommes pour les solutions pacifiques, mais nous sommes également en guerre territoriale et mondiale contre le terrorisme", a, de son côté, rappelé le ministre tunisien de la Défense, dans une déclaration à la presse, au cours d'une visite effectuée à Ras Jedir, un poste frontalier soumis à une forte pression des deux côtés de la frontière tuniso-libyenne. L'Algérie a, par ailleurs, renforcé son dispositif de surveillance à sa frontière avec la Libye, où se profile depuis quelques jours l'éventualité d'une intervention au sol, en raison du blocage du processus de formation du gouvernement d'union, parrainé par l'ONU, sur fond d'expansion de l'organisation autoproclamée Etat islamique (Daech). Les Libyens et la communauté internationale attendent depuis le 17 décembre 2015 la mise en place du gouvernement d'union, dans le cadre de l'Accord de Skhirat (Maroc), signé à cette date. Mais les rivalités personnelles ont retardé sa formation, sous la conduite de Faïz Serradj, un homme d'affaires tripolitain, désigné par l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Martin Kobler. Une nouvelle séance de vote de confiance du Parlement reconnu de Tobrouk devrait avoir lieu au plus tard mardi pour l'approbation du gouvernement d'union, après plusieurs reports. il faut dire que rien n'est gagné pour Faïz Serradj qui doit convaincre les députés exilés à Tobrouk d'approuver la composante de son Exécutif, composé de 18 membres, dont cinq vice-ministres. Et en cas d'échec, ce sera la voie ouverte pour une nouvelle intervention des puissances occidentales (France, Italie, Grande-Bretagne et Etats-Unis), dont le dispositif est déjà prêt depuis plusieurs mois. Lyès Menacer