Résumé : Amar fait la connaissance de Aïcha. Il est vite subjugué par sa beauté et sa grâce. Tassadite remarque les regards discrets que jetait le jeune homme à sa fille. Si Amar demande sa main elle en sera enchantée. Amar partage le dîner de ses hôtes. Le couscous préparé par Aïcha était succulent. Aïssa repousse son assiette et essuie sa moustache du revers de sa main : -Ce couscous est succulent. Hein ? Qu'en dis-tu Amar ? Ce dernier acquiesce : -Je n'en ai pas encore mangé de meilleur. Il faut dire aussi que je ne goûtais au couscous qu'occasionnellement depuis que j'ai quitté le village. -Désormais tu pourras en manger tous les jours si cela te dit. Chez nous, ce plat est sacré. Il ne passe pas un jour où on n'en prépare pas. Tassadite est douée pour cela, et ma fille Aïcha excelle dans sa préparation. -Je n'en doute pas Ammi Aïssa. Dieu t'a béni en te permettant d'avoir une femme comme Na Tassadite qui t'a donné des enfants beaux et bien éduqués. -Je remercie le Très Haut mon fils. Mes enfants sont les biens les plus précieux qui soient. Saïdb mon cadet, s'est exilé en France, mais il revient régulièrement au bled, et ne rate aucune cueillette d'olives. C'est grâce à ses contributions que j'ai pu terminer la construction de cette maison et acheter quelques lopins de terres supplémentaires pour assurer l'avenir de la famille. Par contre, pour Malek, le petit dernier, on ne peut pas en dire autant. Il aime trop la ville et ses bruits pour penser à investir dans son village. -Malek ? Je me rappelle un peu de Saïd. Mais de Malek. -Tu ne peux te rappeler de Malek, pour la simple raison qu'il était encore un nourrisson lorsque tu avais quitté le village. -Ah ! C'est donc pour cette raison que je ne le connais pas. Que fait-il au juste ? Il travaille ou il étudie ? -Il fait les deux choses en même temps. Dans la journée, il étudie, et le soir il travaille dans une boulangerie. Il tient la comptabilité du patron. Il dit que cela lui permet de se faire un peu d'argent pour payer ses études. -C'est très astucieux de sa part. Comme cela, vous n'aurez pas à trop dépenser pour lui. Aïssa hausse les épaules : -J'ai donné ce que j'ai pu à mes enfants. Saïd n'aime pas les études. Il a toujours rêvé d'émigrer sous d'autres cieux. Il est maçon et ne chôme jamais là où il se trouve. Mais Malek aime les chiffres et les calculs. Il a décroché son bac il y a deux années. Je ne sais pas si on gagne bien mieux sa vie avec un diplôme. Mais moi j'aimerais qu'il revienne au bled pour prendre la relève. Je suis vieux et usé, et nos terres ont besoin d'hommes jeunes et robustes pour les travailler. -Tu peux toujours engager quelqu'un. Aïssa secoue la tête : -C'est peut-être la dernière alternative qui s'imposera si les gosses ne reviennent pas. C'est tout de même malheureux de penser que c'est un étranger qui va labourer la terre de nos ancêtres. Amar ébauche un sourire : -On ne peut pas être au four et au moulin Ammi Aïssa. Saïd travaille et t'envoie de l'argent, et Malek doit assurer son avenir. Il fait des études supérieures. C'est plutôt une bonne chose pour lui. Aïssa soupire : -Si tu le dis, mon fils. Mais nous avions hérité de nos aïeux le sens des responsabilités. Qui va s'occuper de nos biens lorsque je ne serai plus de ce monde ? -D'ici là, Dieu y pourvoira, Ammi Aïssa. Et qu'il t'accorde une longue vie afin que tu puisses profiter encore de longues années de cet héritage familial dont tu es si fier. (À suivre) Y. H.