Résumé : Amar impose son autorité sur ses terres et les biens de ses ancêtres. Ses oncles sont déroutés. Va-t-il les déposséder de tout ce qu'ils avaient ? Il demandera pour cela l'appui de la djemâa. Aïssa, le sage, s'en veut à mort de n'avoir rien pu faire pour lui à la mort de ses parents. Amar met une main apaisante sur l'épaule du vieil homme : -Je ne t'en veux nullement Ammi Aïssa. Que pouvais-tu faire contre cette bande de rapaces qui sont mes propres oncles ? Ils pensaient que je n'allais plus revenir au village. Ils savaient aussi que je travaillais dans une ferme voisine. Mais personne ne s'est inquiété pour moi. On espérait plutôt me voir mourir de faim ou de froid, afin de se débarrasser de mon fardeau une fois pour toutes. Mais Dieu en avait décidé autrement. Il est vrai que je n'ai dû mon salut qu'à mon courage et à mon abnégation. J'ai souffert du froid et de la faim, mais j'ai résisté. Cela fait des années que je n'ai pas remis les pieds dans ce village. Aujourd'hui, je veux récupérer mon dû. Mes oncles ne vont pas lâcher prise aussi facilement qu'ils le prétendent, mais je suis prêt à affronter tous les défis. Aïssa sourit et lui tapote le bras : -Tu es bien le fils de ton père. Je vais voir ce que je pourrais faire pour toi mon fils. Il est peut-être urgent de réunir les membres de la djemâa pour trancher dans cette affaire. Je te promets une chose Amar : tes biens te reviendront. Amar embrasse le front du vieil homme : -Avec l'aide de Dieu et ton poids au sein de la djemâa, je sens que je vais gagner la partie. Il allait prendre congé, lorsque Aïssa le retint : -Où vas-tu passer la nuit mon fils ? Amar hausse les épaules : -Quelque part dans la nature. Les nuits sont douces, je pourrais dormir sous un olivier. -Tu n'y penses pas, jeune homme. Nous sommes peut-être pauvres, mais nous autres paysans savons être généreux lorsque cela s'avère nécessaire. Allez, suis-moi, je t'offre le gîte et le couvert pour ce soir. Amar hésite, mais le vieil homme insiste : -Tu ne vas tout de même pas refuser mon hospitalité, cela m'offenserait au plus haut point. Ne pouvant se dérober, Amar suit le vieux Aïssa qui se dirigeait tout bonnement vers sa maison. Tassadite, l'épouse de ce dernier, ouvrit de grands yeux en reconnaissant le jeune homme : -Amar ? C'est bien toi, Amar ? -Oui, Na Tassadite. Il s'approche d'elle et lui embrasse les mains et le front, selon la coutume ancestrale. Elle passe une main caressante sur son visage et ses cheveux : -Oh ! Mon fils ! Qui aurait cru que tu allais revenir un jour ? Lorsque nous avons appris que tu avais quitté le village, nous nous sommes voulus à mort, Aïssa et moi. Tu aurais pu venir chez nous. Elle se mordit les lèvres avant de poursuivre : -Il est vrai que nous ne t'avons pas fait la proposition, car nous appréhendions la réaction de tes oncles. . Amar ébauche un sourire : -Le passé est mort Na Tassadite. Maintenant je suis là et je compte remettre de l'ordre dans les affaires de la famille. -Que Dieu te bénisse mon fils. Approche donc, et installe-toi près du feu, je vais servir le café. Amar se laisse tomber sur une natte auprès de Aïssa, qui sortit une boîte à chique pour en extraire une pincée : -Tu chiques ?, demande-t-il à Amar en lui tendant la boîte. Le jeune homme repousse sa main : -Non ammi Aïssa. Je n'aime pas le tabac et encore moins le tabac à chiquer. Aïssa essuie ses mains à son burnous : -C'est bien mon fils. On dit que le tabac est néfaste pour la santé. Hélas ! Je ne peux pas me passer de ma pincée de chique. Tassadite vint servir le café et découpe de grandes tranches de galettes, puis dépose une motte de beurre frais et pousse la sucrière vers Amar : -Tu dois avoir faim mon fils. Mets donc du sucre dans ton café et fais honneur à ma galette. (À suivre) Y. H.